Thème : Grain

La Guyane comme une fusée (mais sans fusée)

La Guyane comme une fusée (mais sans fusée)

Début avril, nous voici donc de nouveau en mer. Fleur de Sel navigue cap au nord sur l’eau vert-de-gris laiteuse qui baigne la côte brésilienne. Et comme nous longeons le talus continental, pendant toute la nuit nous slalomons entre des pêcheurs, heureusement tous éclairés, mais il faut veiller attentivement. Poussés par un bon alizé de sud-est, ainsi qu’un peu de courant, à l’aube du deuxième jour on double le Cabo São Roque, le coin nord-est du pays. Nous quittons alors le plateau continental pour poursuivre un peu plus au large et nous retrouvons enfin les eaux bleu dense de l’océan, pendant que le courant nous entraîne maintenant vers l’ouest et se renforce. Nous entrons dans une première zone de grains, et au gré des sautes de vent, nous enchaînons les empannages, réussissant parfois à longer le même cumulonimbus pendant des heures en profitant de son vent.

Contrariétés équatoriales

Contrariétés équatoriales

Nous voici alors à l’orée du troisième et dernier tronçon de l’Atlantique Sud. Nous nous étions arrêtés aux deux escales possibles sur notre route vers le Brésil, et il nous restait alors précisément encore un tiers des 3’600 milles à avaler. La difficulté principale que l’on avait entrevue sur cette traversée, c’est qu’on s’élance pour 10-12 jours de mer avec très peu d’avitaillement frais (on a tout de même trouvé un peu de viande et quelques légumes), le dernier vrai plein datant de Cape Town un mois auparavant ! Il y a quelques articles qui permettent de tenir, comme le saucisson sec acheté au marché de Muizenberg et qui se conserve à merveille, et nous faisons germer des graines pour avoir de la verdure, sans parler de la viande que Heidi a mise en conserves et qui vient nous procurer de bons repas.

La belle au volcan dormant

La belle au volcan dormant

La visite de Savai’i commence paradoxalement sur l’autre île des Samoa, ‘Upolu. Il faut d’abord demander – et obtenir – l’autorisation de se rendre à Savai’i, et cela se fait au bureau du premier ministre, rien de moins. Armés de nos passeports et de nos documents, nous nous rendons donc au bâtiment du gouvernement, qui domine le front de mer de sa silhouette gigantesque – à l’échelle des bâtiments d’Apia. Nous montons au 5ème étage, en suivant les instructions données à la marina. La personne que nous cherchons n’est pas là, mais on nous demande de revenir deux heures plus tard. A l’heure dite, nous sommes accueillis par la secrétaire du premier ministre, qui après avoir pris nos noms, numéros de passeport, etc., tapote sur son ordinateur et nous délivre le sésame. Le tout avec le sourire et en nous disant que Savai’i est bien mieux qu’Upolu – évidemment c’est de là-bas qu’elle vient ! Le permis est en fait une lettre d’introduction à qui de droit, et en plus de mentionner que nous avons l’autorisation de nous rendre à Savai’i, elle demande aux habitants de Savai’i de tout faire pour rendre notre séjour plus facile et plus agréable ! Tout se présente donc pour le mieux !

Tahiti – Mo‘orea … et retour

Tahiti – Mo‘orea … et retour

Un grand plaisir que cette traversée. Du largue, tout du long, pas un grain, pas trop de vagues, c’était très agréable. Fleur de Sel a tellement tracé – particulièrement sur le début du parcours, où elle a avancé de 78 milles en 12 heures, et même plus de 21 milles en 3 heures – qu’on s’est retrouvé un peu en avance à Tahiti, après une quarantaine d’heures de mer. C’est donc dans à la lueur de la Lune qu’on a deviné dans la nuit la masse de l’île, non pas noire mais blanche, enveloppée de nuages tandis qu’il faisait beau par ailleurs. Nous avons donc poursuivi un peu au sud de la Presqu’île pour empanner à l’aube, le tout afin d’arriver au niveau du récif après le lever du soleil. Heureusement la passe de Vaiau est bien balisée car la houle brise avec violence et forme des rouleaux impressionnants. C’est un spectacle grandiose et malgré les vagues qui déferlent de part et d’autre, nous nous faufilons en sécurité au travers de cette entaille qui mène vers deux bassins profonds et bien protégés.

Les douches tahitiennes

Les douches tahitiennes

Derrière Moorea, Tahiti pointe le bout de son nez. Mais ce n’est vraiment que le bout du nez, parce qu’une première constatation s’impose d’emblée : Tahiti c’est grand ! De toutes les îles du Pacifique, c’est la première que nous abordons qu’il nous est impossible d’embrasser en entier du regard. Avec ses 32 milles de long sur 16 de large, et surtout ses 2’241 mètres d’altitude, Tahiti se coiffe de manière quasi-permanente d’une perruque de nuages. Evidemment, comparée à Chiloé, longue de 90 milles, ou à la Terre de Feu, qui dépasse les 200 milles de long, les dimensions n’ont rien de comparable. Mais nous sommes ici au milieu du Pacifique, et par rapport aux confettis volcaniques qui émergent ici ou là – parfois seulement à quelques mètres au-dessus de l’eau dans le cas des atolls – on comprend d’entrée de jeu l’importance de Tahiti en Polynésie. Cette importance, nous ne tardons pas à la voir en approchant, car elle se traduit par la taille démesurée de Papeete, la plus grande ville à presque 2’000 milles à la ronde.

Pot-au-Noir, bonsoir !

Pot-au-Noir, bonsoir !

Qu'il est bon le premier déluge !

Tout a commencé 3 jours après avoir quitté Brava. Le vent mollissant devenait irrégulier, et le ciel s’est progressivement chargé d’humidité. Tant et si bien que nous nous sommes fait surprendre par une sensation étrange : des gouttes de pluie, chose que nous n’avions plus vue depuis fin mars en arrivant au Portugal ! Après cette séquence vaporisateur, la deuxième averse fut un déluge. Fleur de Sel s’est fait rincer et nous avons fait de même, profitant de cette douche gratuite ! En fait, la dépression que nous redoutions a accéléré et s’est évaporée, pour n’être qu’une petite onde tropicale, et en quelques heures c’était réglé. Le ciel n’était plus du tout le même, lavé de son sable en suspension. Fini les couchers de soleil jaunâtres, on retrouve toute la palette des couleurs. On revoit une multitude d’étoiles la nuit. Nous avons le sentiment d’être passés de l’autre côté de quelque chose.

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