C’est dans la boîte !
Et voilà, nous sommes retournés dans la routine (ou presque) et nous avons donc moins de temps pour vous donner des nouvelles et moins de nouvelles intéressantes également. Mille excuses à tous ceux qui se désolent de ne pas en recevoir autant qu’auparavant.
Tout d’abord, ce qui devait arriver, arriva : notre petite Fleur de Sel a du quitter sa confortable place de marina le week-end passé. Eh oui, il manquerait quelques centaines de places de marina au moins autour de Nouméa. La logistique pour Nicolas en devient d’autant plus complexe, surtout quand il part au travail, mais il gère. Il a mis les habits de travail dans la voiture pour ne pas devoir les transporter en annexe tous les jours et pour être le plus présentable possible au bureau. De plus, maintenant il faut qu’il économise l’eau, car même si on peut aller au ponton de Port Moselle pour faire le plein au besoin, cela prend du temps. Du coup, avec l’annexe, il bidonne aussi quelques litres d’eau de temps en temps, histoire de tenir le plus longtemps possible. Et enfin, nous devons de nouveau être indépendants au niveau électrique, donc surveiller notre consommation et ce que produisent les panneaux solaires et l’éolienne.
La bonne chose, c’est que les voisins seront un peu moins proches. Entre autres, nous avons déjà eu droit au concert d’harmonica à quatre heures du matin, que nous n’avons pas vraiment apprécié. Il y a aussi eu la visite d’un chat du ponton, qui a débarqué dans le lit en pleine nuit. Et les réveils à six heures du matin les dimanches par le chanteur mal accordé du marché à côté de port Moselle ne nous manqueront pas non plus.
Il y a donc eu quelques jours à l’ancre (avec un après-midi pendant lequel des rafales de 48 nœuds ont été enregistrées, quand même). Mais notre bonne ancre tient bon, et nous venons de changer la chaine, bien rouillée après cinq ans de bons et loyaux services. Nicolas nous a ensuite trouvé un corps-mort pour amarrer notre bon petit bateau. Vu le manque de place dans les zones de mouillage autour de Nouméa, c’est nécessaire car l’évitement à l’ancre serait bien trop grand. Il nous faudrait mettre pas mal de longueur de chaîne pour être tranquilles, les fonds étant de 10 mètres au moins et le vent peut souffler fort avec les thermiques qui renforcent les alizés. De plus, le vent tourne de 360° de temps en temps quand un petit front du sud vient nous saluer.
Pour le moment, le bateau est en baie de l’Orphelinat. Par contre, notre ponton pour l’annexe et les douches sont dans la baie voisine de la Moselle : les trajets en annexe sont longs et souvent humides. Notre consommation d’essence est non négligeable, mais malheureusement il n’a pas d’autre solution pour l’instant. Nous espérons avoir un corps-mort proche de Port Moselle au 1er décembre. Les trajets seront raccourcis de plus de moitié, donc ce sera déjà mieux. Par contre, en baie de l’Orphelinat, la bonne nouvelle est que le wifi à l’air meilleur pour le moment qu’en baie de la Moselle… à vérifier dans la durée.
(Pour mieux visualiser, aller voir : http://tikiwaka.photoshelter.com/image/I0000rL4MLtG4qK8 – la baie de l’Orphelinat est à droite et la baie de la Moselle à gauche)
Autrement, il fait de plus en plus chaud par ici, car l’été austral approche (les tauds de soleil sont appréciés à bord), et donc la saison cyclonique aussi. En cas d’alerte de grosse dépression tropicale ou même de cyclone, Nicolas devra aller à quelques miles de Nouméa pour ancrer et amarrer solidement Fleur de Sel dans la mangrove dans la baie de Port Laguerre (et dégager tout ce qu’il y a sur le pont, les voiles, les panneaux solaires, …), après nous serons dans les mains et le bon vouloir de mère Nature. Nous avions déjà repéré les lieux il y a quelques semaines pour nous préparer à cette éventualité.
Petite note pour ceux qui s’inquiétaient pour nous juste après le terrible cyclone aux Philippines : la distance entre Tacloban aux Philippines et Nouméa et comparable à celle entre Amsterdam et Libreville au Gabon… Et accessoirement, ce genre de système météo ne franchit pas l’équateur (et les Philippines sont donc dans le Pacifique Nord).
Pour ma part, depuis fin octobre, je quitte Nouméa toutes les fins de week-end pour aller travailler dans ce qu’ils appellent ici l’usine du Nord, ou KNS pour Koniambo Nickel SAS qui se trouve dans le lieu-dit de Vavouto (à 300km et 4h de route de Nouméa, entre les petites villes de brousse de Koné et de Voh – là où se trouve le célèbre cœur de Voh, très photographié). Koniambo est le nom du massif voisin dont est extrait le minerai. Bien que très récente, cette entreprise qui comprend une mine et une usine de nickel en plein démarrage est inscrite dans l’histoire et la politique du pays. Ce qui la rend d’autant plus intéressante.
Pour le côté pratique, toute la semaine, je dors en base-vie, c’est-à-dire dans une chambre dans un conteneur aménagé (que j’appelle ma « boîte ») avec lit, armoire, table, télévision, connexion Ethernet, air conditionné (nécessaire, même si la nuit il ne fait pas encore trop chaud) et une petite salle de bain avec douche, toilettes et lavabo. J’ai même un petit frigo, mais je n’ai pas le droit d’y faire la cuisine. Pour cela, il y a une cantine et je suis nourrie trois fois par jour. La nourriture est tout à fait mangeable mais il y a un peu de choix. Il ne faut juste se discipliner un peu et ne pas vouloir gouter de tout (de toutes les manières les même plats reviennent régulièrement) et limiter la quantité qu’on mange car les plats ont tendance à être gras et les gens prennent donc facilement du poids ici (surtout quand on est assis dans un bureau toute la journée, comme moi). Le ménage est fait, les draps et serviettes changés, et des machines à laver sont à disposition également donc ce n’est pas mal. Il y a même des installations sportives : tennis, terrain de foot, salle de musculation… vu qu’on n’a pas le droit de se balader à pied en dehors de la base-vie, c’est bien quand on a besoin de se défouler. De plus, pour le moment encore, des soirées musicales, films et autres tournois de ping-pong sont également organisés dans le « bar » (sans alcool !!!) de la base-vie. Sinon, des bus et minibus sont organisés sur site pour se déplacer et même entre Nouméa et d’autres destinations sur l’île et le site le week-end, mais il serait probablement bien que nous investissions dans une deuxième voiture à terme.
La base-vie a surtout été construite pour la phase du « projet », c’est-à-dire la construction de l’usine, qui est en train de s’achever. Elle est faite pour le personnel local dont le logement est trop éloigné et pour les expatriés divers de KNS ou des différents sous-traitant qui participaient au projet. En plus des locaux, il y a beaucoup de Philippins, Coréens et Chinois, mais aussi quelques Canadiens et Européens… Beaucoup, surtout les Asiatiques, dorment dans des dortoirs dans des containers empilés. Il y a également des cantines asiatiques à part et chaque employé n’a droit d’aller que dans la cantine que lui permet son badge. Les expatriés qui ont les moyens et restent quelques années sur place choisissent en général de se trouver un logement personnel en dehors de la base-vie. De plus, ils sont venus avec leurs familles qui n’auraient pas accès à la base-vie de toutes les manières. Au plus fort de la construction de l’usine, il y avait 6’000 personnes sur la base-vie. Le site était devenu la deuxième plus grande ville du pays, hors agglomération du Grand Nouméa. Maintenant, il n’y en a plus que 3’000 et il ne devrait plus y en avoir que 300 d’ici la fin de l’année, donc quand même beaucoup plus facile à vivre et à gérer. La base-vie devrait être interrompue fin 2014 quand le projet de construction de l’usine sera bouclé et la mine et l’usine devraient tourner en vitesse de croisière.
Pour le travail, je suis dans la grande équipe « Ventes et Distribution » – deux personnes :-). Pour résumer grossièrement, nous sommes l’interface entre la logistique, la finance et les clients et nous gérons la partie administrative des ventes de Ferronickel. Beaucoup de choses sont à mettre en place : pour le moment, il n’y a eu qu’une seule vente de faite. Mon responsable étant déjà en vacances, l’introduction se fait en douceur pour moi et j’essaye de gratter des informations pour me former un peu. Sinon, j’ai aussi mon déguisement si jamais je dois aller dans des parties du site plus risquées que les bureaux : casque, lunettes de protection, chemise jaune fluo, pantalon, chaussures et même gants. J’ai même déjà mon gyrophare pour ma future voiture potentielle. (Mais on n’est admis que dans les parties du site pour lesquels on a l’autorisation et la formation adéquate obligatoire)
Et pour Nicolas, il travaille toujours en tant que consultant et a pas mal à faire. Son travail a l’air apprécié, mais lancer son activité lui demande beaucoup de temps. Il essaiera donc de vous en raconter plus par lui même quand l’occasion se présentera.
Sinon, notre séjour calédonien se passe bien. Nous avons juste l’impression que la mentalité ici est restée bloquée aux années 80 (ou même avant au fait): le Caillou n’a pas (encore) subi les crises mondiales et les autres changements de ces 30 dernières années, la France et son argent faisant tampon et l’éloignement aidant aussi. Qu’ils en profitent.
Nous verrons quand nous reprendrons la mer pour explorer cette deuxième moitié de planète. Notre projet est juste en stand-by, pas arrêté. La durée de notre séjour ici dépendra de quand nos envies de voyage nous démangeront trop, de comment se passe le travail et de la situation politique de ce beau territoire (entre autre le vote sur l’indépendance, essentiellement car les étrangers (donc les non-calédoniens, voir les non-mélanésiens) risquent, pendant quelque temps, de ne plus être bienvenus pour travailler ici si ce territoire devient indépendant – déjà que ce n ‘est pas évident maintenant…). En attendant, nous avons encore beaucoup à explorer et à apprendre de et sur la Nouvelle-Calédonie. Et avec un peu de chance également sur le Pacifique Sud-Ouest si nous trouvons le temps.
Tenez-nous au courant de votre vie aussi, même si nous sommes loin, nous pensons à vous et c’est toujours avec plaisir que nous recevons des nouvelles des uns et des autres. Nous sommes loin, mais toujours sur la même jolie petite planète bleue.
Les Martiens 🙂
3 Replies to “C’est dans la boîte !”
bonjour,
j’aurais voulu savoir comment vous avez réussi à trouver un corps mort baie de l’orphelinat. Nous en cherchons un aussi, mais nous ne savons pas trop où nous adresser.
Si vous avez des conseils, ou même des bons plans, je suis preneuse!
Il est très beau votre bateau!
quel plaisir de retrouver didier ici…
amitiés
J’étais à Nouméa récemment pour une conférence et je regrette que nous ne nous soyons pas croisés.
Publications pour mémoire :
http://blogs.lesechos.fr/market-makers/noumea-est-gouverne-par-le-nickel-a13190.html
http://m.nouvellecaledonie.la1ere.fr/2012/11/08/didier-julienne-il-faut-une-vision-strategique-commune-1760.html