Chevauchée de cow-boy pour la fin de l’Indien
24 novembre
Et voilà, la réunion est terminée 😉 Après encore 10 jours de merveilleuses rencontres et superbes découvertes au départ de St-Pierre (et notamment l’ascension du volcan, le Piton de la Fournaise), nous avons largué les amarres ce matin. Comme prévu la houle a baissé suffisamment pour nous laisser franchir l’entrée du port, autrement barrée par des rouleaux de surf. Et comme la météo semble aussi bonne qu’elle pourra l’être, vogue la galère et advienne que pourra.
Le panorama sur le Piton des Neiges et le Cirque de Cilaos était magnifique pendant que nous commencions notre traversée dans les premières heures de la journée. Ensuite la nébulosité a enveloppé tout cela et l’eau est devenue bleu intense. Fleur de Sel taille bien sa route, et nous faisons toutefois attention à ne pas nous “scotcher” dans le dévent de la Réunion, qui s’étend tout de même sur plus de 200 milles, voire jusqu’à Madagascar ! (ça fait quelques perturbations atmosphériques, une montagne de 3’000m de haut !)
25 novembre
Après une très belle journée de nav hier dans la houle majestueuse, on a désormais atteint une zone de mer un (tout petit) peu plus teigneuse. Pas étonnant car il s’agit d’une veine de courant contraire. On a donc effectué plusieurs empannages dans la journée avant de reprendre notre route au SW. On essaie de trouver le meilleur compromis entre courant contraire plus faible mais vent plus faible aussi à tribord, et vent plus fort et courant contraire plus fort sur bâbord.
En tous les cas, vitesse fond pas énorme aujourd’hui. On espère toucher du courant nous portant vers le sud demain, mais d’ici là il nous faudra empanner encore une fois pendant la nuit, le vent devant tourner progressivement de l’est vers le nord dans les 24h à venir. Et dans 48h nous aurons pris notre premier (et peut-être unique ?) front de la traversée. Le ciel a déjà commencé à se couvrir de nuages d’altitude.
Tout va bien pour nous. On a pu se reposer chacun à notre tour, et on a fait un bon repas à midi, ce qui nous permet de rentrer doucement dans le rythme. Heureusement on a peu de trafic alentour pour l’instant. Ca se densifiera sans doute par la suite, mais pour l’instant on est encore un peu “dans l’ombre” de la Réunion, les cargos faisant route entre le Cap et Singapour passant d’un côté ou l’autre de l’île, ce qui nous laisse un corridor tranquille entre les deux.
26 novembre
Encore un empannage dans la nuit et ça devrait être le dernier de la série. On continue notre progression vers le SW en jouant avec les courants. Et avec la rotation du vent à venir ça devrait ensuite se faire sur la route directe. Même si l’on remonte en latitude, il fait de plus en plus chaud avec le vent du nord qui nous apporte de l’air plus équatorial. Vivement de l’air frais du sud dans deux jours !
Cette nuit nous avons commencé à voir quelques cargos et pêcheurs. Et pour l’instant tout va au mieux. Les prévisions météo semblent stables d’une échéance sur l’autre, ce qui nous plait bien, car cela indique un degré de certitude certain. On verra si cela reste ainsi pour la suite du voyage.
Le bon vent a un peu molli dans l’après-midi alors que passait une petite ligne de grain qui s’est évaporée avant qu’elle nous atteigne. On a donc progressé un peu au moteur étant donné l’état agité de la mer qui nous empêchait d’avancer sous voiles. Mais le bon vent est ensuite revenu. Et comme on a touché la veine de courant, on a accéléré et surtout on se faire dépaler de 15°, parfois 20° vers le sud – et c’est ce qu’on veut !
Les cargos sont de plus en plus nombreux, tous en route entre Singapour et l’Afrique du Sud ou vice-versa. Mais pas d’inquiétude, avec l’AIS on les repère tôt et facilement. Pour l’instant on n’a pas eu besoin d’en appeler à la radio VHF, ils nous ont soigneusement évité.
27 novembre
Quelques grains légers pendant la nuit, mais globalement un ciel plutôt étoilé (et bien étoilé, avec la nouvelle lune !) Le vent a fraîchi et au lever du jour on a du prendre le premier ris. Il y a surtout eu pas mal de cargos dans la nuit, mais on les voit bien avant et tout le monde va dans la même direction, aller ou retour, donc ce n’est pas trop compliqué à gérer.
Il fait toujours plus chaud et on attend maintenant le front avec impatience. Ca devrait nous arriver dessus pendant l’après-midi, et d’après les prévisions il a l’air très maniable. La question à laquelle ne nous permettent pas de répondre les modèles c’est : sera-t-il étroit – auquel cas le vent tourne presque immédiatement du travers sur un bord au travers sur l’autre bord, trop pratique – ou large – avec une zone de vents d’W et SW pendant quelques heures, heureusement pas plus mais c’est toujours ça à faire contre les éléments ?
Finalement, le front a été aussi ponctuel que possible. En une demi-heure, le vent était passé du N au SE, avec quelques légères surventes et un peu de pluie. Parfait, et on a cru qu’on allait pouvoir poursuivre sans autre frein que la mer chaotique. Mais le vent n’a pas tenu longtemps et il est repassé au nord alors qu’une ligne encore plus noire et bouchée nous approchait.
La douche a été intense, ce qui soit dit en passant, a fait du bien au bateau et aux voiles, qui n’avaient pas eu de rinçage depuis un moment. Il y a même eu quelques grondements de tonnerre, mais sans plus. Et derrière, une fois le soleil revenu, plus de vent. Contrairement aux prévisions, rien ! Ou plutôt le peu qu’il y avait était fort variable, et la mer continuait à aller dans tous les sens, donc pas possible de progresser. En voiture Simone, on allume le moteur.
Ensuite, peu avant la tombée du jour, nous sommes passés dans une grande zone sale, sans doute un cargo qui a dégazé dans le coin, beurk. Nos pauvres océans sont devenus des dépotoirs géants…
Et une fois la nuit tombée, on a de nouveau cru que le vent s’établissait enfin. Mais non, on a de nouveau dû nous propulser au diesel pendant plusieurs heures.
28 novembre
Nous avons enfin touché le vent attendu. Fleur de Sel a donc pu prendre son élan et commencer le passage délicat du sud de Madagascar. Au petit largue le bateau marche bien, surtout avec la dérive arrière descendue pour limiter la tendance ardente de la barre. En seconde partie de nuit, elle faisait déjà plus de 6 nœuds sur l’eau quand nous avons touché le tapis roulant qui rend la mer quelque peu agitée dans les parages (le courant sud-équatorial). Du coup, pendant plusieurs heures au lever du jour, il n’était pas rare de voir 8,5 et même 9 nœuds affichés sur le GPS.
Si pour le navigateur c’est du pain bénit, pour l’équipière de quart, en revanche, la mer levée par ce courant fut synonyme de forfait par KO et elle est partie se reposer pour tenter de réordonner oreille interne et estomac… 🙁 La bonne nouvelle c’est que si ce régime continue, nous pourrions sortir dès demain soir de la zone peu évidente au S de Madagascar, ce qui nous plairait bien à tous les deux.
Plus tard dans la journée, le vent a un peu molli et adonné, et Fleur de Sel a tenté un petit ralentissement. Mais le courant, faisant parfois mine de disparaître, resurgissait toujours un peu plus loin, nous portant à 1 et souvent 2 nœuds. Heureusement, la mer est devenue plus maniable, pour le plus grand confort (relatif) de l’équipage. Mais en soirée ça s’est un peu renforcé, et au portant. Résultat, on vole de nouveau en supersonique. On en est déjà à 133 milles en 18 heures. Quelques heures supplémentaires et ça pourrait être le record sur 24h. Suspense ! Bon d’accord, ça n’a rien à voir avec les luges du Vendée Globe, dont on suppose que les leaders ont déjà croisé notre longitude il y a belle lurette, mais à chacun ses petites satisfactions.
Il faut d’ailleurs qu’on en trouve, des satisfactions, car la situation météo, elle, semble devenir moins favorable au fur et à mesure des échéances. On étudie avec attention (et passion !) les fichiers grib, les cartes et les photos satellite, et c’est moins parfait qu’au départ (mais c’étaient des prévisions à 10-12 jours, aussi ne fallait-il pas en attendre beaucoup). Après notre contournement malgache, nous devrions subir des calmes, voire un peu de vent de face au passage d’un petit front. Cela va nous retarder, et du coup, il est vraisemblable que notre timing d’arrivée coïncide avec le passage d’un coup de SW sur Richards Bay – or il ne faut surtout pas traverser le Courant des Aiguilles dans de telles conditions. A moins de réussir à marcher très vite et très bien (avec l’appui prolongé du courant), et à moins que les prévisions ne nous redonnent du vent portant un peu plus fort, nous risquons d’être condamnés à attendre en mer que la fenêtre s’entrouvre à nouveau. Affaire à suivre…
29 novembre
Fleur de Sel a poursuivi comme une fusée cette nuit. Et sur 24h, ce sont pas moins de 179 milles qui ont été engrangés – explosant ainsi notre record brésilien de 2010 !
En revanche, choix pas facile ce matin, puisque nos deux modèles de courant n’étaient pas d’accord depuis des jours et c’est toujours le cas. Avant l’aube, nous en avons déduit que OSCAR avait plus raison que RTOFS. Le premier prévoyait un fort contre-courant si l’on continuait sur la route directe, tandis que le second était bien plus favorable. Nous avons donc choisi l’option la moins risquée (en termes de temps perdu si l’on atterrit dans un fort contre-courant) et qui collait mieux avec les observations in situ. Nous voici donc en train de plonger vers le sud, même si cela devrait aussi signifier moins de vent, et on empannera pour revenir vers l’ouest lorsque l’on estimera que ce sera bon.
Pas facile par ici. Ca s’apparente un peu à la descente d’une piste à bosses, à la fois au sens figuré car il faut se frayer un chemin pour faire passer notre Fleur de Sel à skis au bon endroit, et parfois aussi au sens propre entre les bosses liquides !
La journée aura finalement été un peu trop tranquille, passée à essayer de faire avancer le bateau dans des petits airs, enchaînant les empannages si nécessaire. Nous pensions avoir réussi à éviter le plus fort du contre-courant, profitant un moment de courant portant. Mais pendant quelques heures nous avons perdu un demi-nœud et parfois plus à cause d’un méandre océanique arrivé là on ne sait comment. Pas trop grave, Fleur de Sel en fait son affaire, mais c’est la preuve qu’on ne peut pas gagner à tous les coups.
30 novembre
La nuit fut du même acabit, tranquille côté veille, seuls quelques cargos passant au loin, et tranquille côté vent. On a continué à en profiter avant qu’il ne meure pour de bon. Avec ce zéphyr mou et plein est, nous avons trouvé plus pratique et efficace de mettre les voiles en ciseaux. En revanche, la mer reste agitée sans doute en partie à cause du courant qui nous pousse. Ca roule et ça bouge donc sans relâche, mais au moins on progresse pas trop mal malgré le petit temps. La nouvelle météo nous confirmera si ça durera longtemps ou s’il faudra mettre du moteur.
Moteur, moteur… Voilà le programme de cette journée par ailleurs superbe. Comme la mer reste agitée ce qui empêche les voiles de porter, et comme le courant a de plus décidé de s’atténuer, nous en sommes réduits à brûler du gazole pour nous trouver là où nous le souhaitons pour l’arrivée du prochain front (vers 28°S et 40°E). Eh oui, c’est ça de parler trop vite et d’espérer n’avoir droit aux réjouissances qu’une seule fois : on se trompe. Un nouveau front est malgré tout prévu pour la nuit de jeudi à vendredi, dans 36 heures, et il devrait être actif. D’ici là le programme devrait rester anticyclonique, et ce soir le ciel étoilé est de nouveau magnifique, Vénus nous guidant vers l’Afrique, tandis que les Nuages de Magellan sont sur bâbord.
1er décembre
Moteur toujours, moteur encore… La bonne nouvelle c’est que nous avons retrouvé le courant, mais en plus de nous propulser, il nous emmène aussi vers le sud. La mer est devenue presque lisse, animée seulement d’ondulations amples. Cette nuit, plusieurs cargos sont passés au loin, et on va bientôt pouvoir lancer un concours du nom de cargo le plus ridicule ! Le dernier en date, Bora Bora, n’en avait pas du tout le profil sur l’horizon…
Déjà une semaine en mer. Reste à voir si on réussit à arriver tôt le 4 au matin avant qu’un coup de vent de SW ne hérisse le courant des Aiguilles, ou si on doit ralentir pour n’arriver que le 5 au soir ou le 6 au matin… Pour l’instant on avance. Il reste moins de 500 milles à faire, ce qui nous met en gros aux 2/3 du parcours.
Calme pendant toute la matinée, le vent est ensuite rentré progressivement, du N puis de l’W comme prévu, nous obligeant à abattre vers le sud. C’est ainsi que l’on a presque atteint la latitude de Richards Bay (qui équivaut à celle des Canaries dans l’hémisphère nord, pour vous faire une idée).
Une fois la nuit tombée, et alors que des éclairs presque incessants illuminaient le ciel loin dans notre SE, nous avons subi la rotation. Ca veut donc dire que l’on peut de nouveau faire route directe, et qu’on a pu éteindre le moteur (enfin !). Le vent devrait bien forcir d’ici peu, et nous avons donc bien préparé Fleur de Sel. Nous nous laisserons alors porter un peu vers le nord, en espérant faire de belles vitesses, même s’il est de plus en plus improbable que l’on parvienne à franchir le Courant des Aiguilles avant le coup de vent du 4 au matin (ça voudrait dire 170 milles par jour sur 2 jours et demi…).
La nouvelle du jour c’est qu’en plus des petits plats mitonnés ces derniers temps, nous avons maintenant du pain frais à bord, miam !
2 décembre
Nuit mémorable. Mais pas tant en raison du vent qui a bien soufflé sans doute à 30-35 nœuds durant quelques heures. Ni en raison de la pluie, qui est tombée bien drue, rendant la visibilité nulle. Mais en raison du “bel” orage qui a croisé la route de Fleur de Sel pendant plusieurs heures. Comme il se doit, cela arrive toujours la nuit, et autour de la nouvelle lune qui plus est. Mais le ciel était illuminé quasiment la moitié du temps de la lumière violette des éclairs, qui étaient si nombreux qu’on ne parvenait que difficilement à savoir où ils se trouvaient. Heureusement, tout est bien qui finit bien, et ça a été superflu de prendre les précautions d’usage – mise à la masse de l’antenne VHF, et stockage dans une boite à biscuit métallique, elle-même enfermée dans le four, d’un GPS portable, d’une VHF portable, et du disque dur de sauvegarde des photos, au cas où.
Le beau temps est maintenant revenu, même si la mer est encore agitée. Mais il est devenu clair que même en avançant vite il nous serait impossible de saisir la fenêtre d’arrivée prenant fin le 4 au matin. Nous allons donc devoir ralentir et attendre en mer jusqu’au 6. Heureusement les prévisions actuelles nous indiquent que le coup de vent sera localisé sur Richards Bay mais pas trop loin en mer. Nous devrions donc éviter un nouveau coup de vent.
En milieu d’après-midi, nous nous sommes donc mis à la cape – le plus proche équivalent nautique de se garer sur le bas-côté – ce qui va nous permettre de nous reposer un peu, mais en veillant tout de même épisodiquement, au cas où un cargo passerait dans le coin. On remettra en route demain, sans doute dans l’après-midi.
3 décembre
Après nous être relayés l’un et l’autre à la veille pendant la nuit, nous sommes au même endroit ou presque. La mer s’est un peu tassée et est d’un bleu profond sous le soleil. Même si ça bougeait encore à la cape, nous avons pu nous faire quelques bons repas et prendre un peu de repos. Ce matin nous avons été bien entourés d’oiseaux, sans doute curieux. Les conditions sont nettement plus maniables que celles des concurrents du Vendée Globe, qui passent dans notre sud. Nous avons notamment appris qu’il y a eu de belles images aériennes prises loin dans notre SE. Nous avons hâte de voir ça !
En attendant, Fleur de Sel se remet en route à la mi-journée, et nous allons ajuster notre trajectoire et notre vitesse en fonction des dernières prévisions pour arriver dans le Courant des Aiguilles au moment opportun. D’abord à vitesse réduite dans les petits airs, le bateau prend désormais doucement de la vitesse à mesure que le vent s’installe gentiment, même si notre vitesse fond résulte aussi de plus d’un nœud de courant portant. Nous planifions désormais les derniers jours de nav. Il va falloir bien viser pour arriver ni trop tôt ni trop tard.
4 décembre
Comme prévu le vent est monté dans la nuit et nous sommes maintenant dans un bon flux de nord bien musclé. Fleur de Sel danse, nous on se cramponne. Après avoir traversé dans la nuit le rail des cargos de et vers Richards Bay, nous longeons à présent celui de et vers Durban. Ils sont deux ou trois à être dans le coin à un moment donné. A peine plus de 200 milles nous séparent de l’arrivée et tout va bien à bord.
Une belle journée ensoleillée s’achève, et Fleur de Sel a bien avancé dans une mer agitée et dans un vent mollissant. Nous avons renvoyé les ris l’un après l’autre. Et désormais le ciel s’est couvert, nous sommes entrés dans la région de la mini-dépression devant nous. Comme nous sommes dans le secteur calme, le vent est très (trop) léger et les voiles souffrent dans la mer désordonnée, mais il faut bien passer par là. Bonne nouvelle, la dernière photo satellite ne semble montrer que des nuages bas et donc peu de risque d’orages. On va donc pouvoir s’engager là-dedans avec moins de circonspection que si un gros cumulonimbus était apparu. Le programme de la nuit va être de progresser dans cette mer chaotique, et demain dans la journée on pourra demander aux passages de redresser leur fauteuil et de ranger leur tablette pour amorcer notre descente…
5 décembre
C’est toujours une sensation un peu étrange que de plonger vers le centre d’une dépression. C’est ce qu’a fait Fleur de Sel hier soir, en espérant que, conformément aux prévisions, la dépression allait bien s’enfuir avant qu’on ne l’atteigne. Tout s’est bien passé, d’autant plus qu’elle semble être en voie de dislocation. Cependant, tout cela signifie d’une part que l’on continuait à être à l’affut d’un risque orageux, échaudés que l’on était suite à notre précédente expérience. Et d’autre part que Fleur de Sel continue à s’approcher des côtes sud-africaines dans une zone où le vent tourne en permanence et mollit de plus en plus, ce qui donne une mer bien désordonnée. Ajoutez à cela le courant qui commence à se faire sentir et l’endroit commence à mériter une description de chaudron sans vent. Et nous dansons dans la marmite. Bref, on sera content, ce soir, de retrouver du vent et de nous lancer à l’assaut de Richards Bay. Mais pour ce faire, il nous faut passer par là et faire au mieux pour que les voiles et le gréement ne souffrent pas trop avec les à-coups.
En soirée, nous voilà désormais dans le vif du sujet. Après une approche volontairement lente, à se faire secouer dans une mer chaotique, nous avons touché d’abord le vent de S puis SE, et le courant qui nous porte vers Richards Bay. Comme celui-ci était plus fort que prévu, nous sommes en avance sur notre planning, et ça secoue encore un peu plus. Mais c’est visiblement maniable, et l’on poursuit donc, prêts à nous mettre à la cape pour attendre si besoin, et en espérant ne pas rencontrer de mer trop démontée. Plus qu’une grosse soixantaine de milles à faire, et on va peut-être relever le phare du Cape St-Lucia d’ici quelques heures.
6 décembre
Et voilà, tout est bien qui finit bien. Il y a eu du bon remue-ménage cette nuit, puisque le vent baissant progressivement, le bateau s’est fait secouer dans la houle et porter par 2 puis 3 puis 4 nœuds de courant. Mais Fleur de Sel a franchi sans encombre les passes de Richards Bay et est désormais amarrée dans le bassin Tuzi Gazi du port. C’est là que nous attendons les officiels de l’immigration, et nous devrons ensuite aller voir la douane en ville. Pour la suite, nous avons une place au Zululand Yacht Club non loin. On y bougera sans doute demain, une fois le coup de vent suivant passé – le vent est d’ailleurs déjà en train de se lever. Mais pour l’instant, malgré la fatigue et le dépaysement, nous sommes surtout contents et satisfaits d’être arrivés à bon port avec pas trop de choses majeures à réparer.
7 décembre
Les formalités ont été faites hier. On a retrouvé les copains : Marie et Laurent, de Ralph Rover, qui nous ont emmené à la douane et faire des courses, puis Claire et Yves de Thala, ainsi que leur équipière réunionnaise Doriane, avec qui nous avons arrosé notre arrivée avant d’aller dîner au resto.
Ce matin, nous avons fait un (tout petit) peu de bricolage, répertoriant surtout les choses à réparer suite à cette traversée, et constatant notamment que notre grand-voile avait tout de même bien souffert dans la houle ces derniers jours : la têtière et l’attache d’un coulisseau sont déchirés, et l’articulation en inox d’un autre coulisseau a explosé. Bref, nous sommes contents d’avoir pu nous mettre à l’abri, mais c’est un témoignage de ce qu’endure le matériel…
Enfin, cet après-midi, nous nous sommes déplacés, venant amarrer Fleur de Sel au fort sympathique Zululand Yacht Club. Et comme ce soir c’est la soirée happy hour, nous ne tarderons visiblement pas à faire connaissance avec d’autres équipages. A moins que nous ne poursuivions vers Durban avant Noël, ce qui est peu probable, c’est ici que Fleur de Sel restera amarrée quelques semaines en attendant que la famille de Nicolas vienne nous rendre visite pour Noël, ce dont nous nous réjouissons beaucoup.
3 Replies to “Chevauchée de cow-boy pour la fin de l’Indien”
Bonjour Fleur de Sel: beau voyage et beaux récits!
Nous nous sommes ratés de peu à Richard’s Bay, après une traversée mouvementée depuis la Réunion. Et risquons de nous rencontrer lors de la remontée vers les Antilles…
Très bonnes navigations,
Claude & André à bord de Kousk Eol
Salut Aurélien, merci pour le message.
Nous avons beaucoup apprécié les moments passés ensemble à la Réunion, et effectivement nous sommes maintenant en piste pour de joyeuses fêtes de fin d’année dans un tout autre environnement.
Egalement tout de bon à toi et ta famille pour Noël et Nouvel An !
Félicitations ! Vous avez bien négocié cette traversée redoutée.
Profitez bien de l’Afrique du Sud et des fêtes de fin d’année en famille.