Thème : Amérique

Adieu aux cinquantièmes

Adieu aux cinquantièmes

Lorsqu'il se montre, le Campo de Hielo Sur sait faire bonne impression !

On prendrait presque nos petites habitudes, même sous ces latitudes. De retour sur le versant ouest des Andes, nous avons retrouvé nos petites caletas étroites, boisées, protégées. Presque intimes. Nous avons aussi retrouvé la pluie et le vent, accolytes inévitables des dépressions incessantes qui balaient le Pacifique Sud pour venir buter sur la cordillère. Nous étions prévenus, le principe était déjà évident, mais nous avons maintenant acquis de l’expérience à propos du fonctionnement météo de cette région. Pour faire simple, le vent vient du nord et il pleut. Lorsque les cartes météo indiquent du vent de NW, dans les canaux cela soufflera du nord et il pleuvra presque sans discontinuer sous un ciel plombé. Lorsque les prévisions sont de SW, cela soufflera aussi du nord, et il y aura des averses parfois assez violentes entrecoupées de quelques très courtes éclaircies. Et quand un front passe, c’est-à-dire toutes les 36 heures en moyenne, il va venter et pleuvoir, plus encore que d’habitude, et on a intérêt à être bien à l’abri. C’est plutôt simple, non ? De toutes les manières, les autres situations sont rarissimes, tant le flux d’ouest est puissant. Et rétrospectivement, on en apprécie d’autant plus les quelques jours de beau temps qui nous ont permis de sortir du Détroit de Magellan. Car le ballet des perturbations a repris de plus belle, et au moment où la têtière de grand’voile nous a lâchés à la sortie du Seno Unión, un beau monstre est en approche…

Notre traversée des Andes

Notre traversée des Andes

Dans l'Estéro de las Montañas, nous verrons une quantité phénoménale d'oiseaux évoluer dans des décors mi-marins mi-montagnards. Superbe !

Bernardo O’Higgins et José de San Martin, les deux héros de l’indépendance chilienne et argentine, l’ont fait en leur temps. Pour avoir franchi les Andes un peu comme un Hannibal ou un Napoléon sud-américain, ils sont encore vénérés aujourd’hui des deux côtés de la cordillère. Un peu plus au sud, et surtout de manière bien moins épique, Fleur de Sel a aussi connu son moment de vertige andin, elle qui par la suite sera cantonnée à une navigation au pied du plus long relief du monde. Car le beau temps dont nous avions profité en longeant le détroit de Magellan rendait bien évident le fait que sur notre tribord, les montagnes étaient là, toujours en encore. En approchant de l’embouchure du Canal Smyth, une énorme calotte glaciaire scintille d’ailleurs dans le soleil déclinant.

Photos & panoramas de Terre de Feu

Photos & panoramas de Terre de Feu

Vue prise de la rive ouest de la Caleta Horno (Argentine)

Entre réparation de guindeau, réapprovisionnement et visites dans les terres, quelques instants volés ici ou là nous ont permis de trouver une connexion internet pour mettre en ligne quelques photos. Des clichés du Beagle essentiellement, mais aussi plusieurs panoramas.

Arrivée à Puerto Natales

Arrivée à Puerto Natales

Parcours de Fleur de Sel en Terre de Feu

Après un mois d’autonomie, nous voici arrivés à Puerto Natales, bien à l’intérieur des terres. Il faudra encore patienter pour pouvoir voir les photos de ces semaines magiques, mais en attendant, vous pouvez d’ores et déjà nous suivre sur le tracé mis à jour sur la page parcours. A bientôt pour la suite !

36 chandelles pour 36 bougies

36 chandelles pour 36 bougies

Merci Yoon pour cette photo épique de Fleur de Sel en plein détroit de Lemaire

8 jours, c’est le temps que nous avons passé à l’Ile des Etats, au bout du monde comme l’a si bien dit Jules Verne. Nous avons profité de la nature vierge qui nous entoure, alors que Fleur de Sel est sagement amarrée par son mouillage et 3 lignes à terre au fond de Puerto Hoppner. De temps en temps, le temps se gâte et le passage d’une dépression fait monter le vent. Quelques rafales font giter le bateau, mais rien de bien méchant, et le lendemain il fait de nouveau beau. Le cycle se répète quelques fois, mais la fenêtre météo n’est jamais bonne pour traverser le détroit de Le Maire, et nous attendons donc, en compagnie d’Intrepid. Oh, cela ne nous déplait pas, car nous en profitons pour travailler sur le bateau, pour aller marcher alentour, ou pour nous initier au Coréen en compagnie de Yoon.

700 milles en 7 jours

700 milles en 7 jours

Il y a un peu de nervosité dans l’air en quittant la Caleta Horno. Un peu de nervosité et d’excitation. En effet, nous entamons sans doute l’un des tronçons les plus risqués de notre tour d’Amérique du Sud. Le climat y est rude et musclé, les vents d’ouest soufflant souvent avec violence. Il faut ajouter à cela la marée et le courant, phénomènes bien connus, mais qui compliquent un peu la navigation, le marnage atteignant plus de 12 mètres du côté de Santa Cruz et Rio Gallegos, et le courant plus de 8 nœuds à l’entrée du Détroit de Magellan. Mais tout cela n’en serait pas si stressant s’il n’y avait autre chose : l’absence quasi-totale de bon abri tout au long de cette côte déjà inhospitalière. Sur les 700 milles qui séparent la Caleta Horno du Détroit de Le Maire, il n’y a que très peu d’abris, et ce sont de mauvais abris. Dans l’entrée de Puerto Deseado, le moins pire d’entre eux, il y a jusqu’à 6 nœuds de courant. Le mouillage côté ville est exposé aux tempêtes d’ouest et sud-ouest, et le débarquement impose de faire confiance au moteur hors-bord, sans lequel l’annexe et ses infortunés occupants se retrouveraient incapables de rejoindre le rivage ou le bateau. En cas de tempête, donc, nous aurions le choix entre ce type de réjouissance ou un coup de tabac en mer, et c’est pourquoi nous redoutons ce tronçon avec tout le respect qui se doit. Nervosité, donc…

Le voyage d’Iguazú

Le voyage d’Iguazú

Les chutes d'Iguaçu, côté brésilien

Ca aurait sans doute pu nous faire peur, mais une fois assis, au contraire, cela nous parait tout confort. 18 heures de trajet en bus, c’est le temps qu’il nous faudra pour rallier Puerto Iguazú au départ de Buenos Aires. C’est long, certes, mais c’est le grand luxe : sièges vraiment inclinables, repas servis à bord, films projetés. Bref, c’est évidemment un peu fatigués que nous arrivons dans l’extrême nord-est de l’Argentine, mais étonnement peu tout de même. Après avoir pris possession de l’appart-hôtel qui nous accueillera quelques nuits, les premières loin de Fleur de Sel depuis longtemps, nous voici déjà à pied d’œuvre, direction las cataratas. Car c’est bien elles que viennent voir tous les voyageurs que l’on trouve dans cette localité un peu far-west.

Sainte Trinité et Port de Notre-Dame du Bon Vent

Sainte Trinité et Port de Notre-Dame du Bon Vent

La Plaza de Mayo, centre névralgique de l'immense cité portuaire

En quelques mots, Buenos Aires, c’est une agglomération de 13 ou 14 millions d’habitants dans un pays qui en compte 40. Autant dire qu’il s’agit d’un véritable pays dans le pays. Inutile de préciser que le nom ne fait pas référence aux “bons airs” du monoxyde de carbone rejeté par les millions de voitures, bus et camions chaque jour dans la capitale argentine. A l’origine nommée Santísima Trinidad y Puerto de Nuestra Señora del Buen Ayre, ce qui signifie “Sainte Trinité et Port de Notre-Dame du Bon Vent”, le nom a été raccourci, comme souvent en Amérique Latine.

Avis de tampons !

Avis de tampons !

Ambiance très rétro à Colonia - ville très charmante !

Un voyage au long cours est parfois admirable, mais il l’est souvent pour de mauvaises raisons. De nombreuses personnes restent ainsi songeuses à l’énoncé de notre provenance, plus encore en apprenant notre destination, mais le sujet de leur pensée nous est souvent dévoilé quasi-immédiatement : « Et vous avez rencontré beaucoup de tempêtes ? » Nous préférons dire la vérité plutôt que de les laisser persévérer dans leur crainte. Eh non, nous ne rencontrons pas beaucoup de tempêtes, du moins pour autant que l’on puisse les éviter, et quand c’est possible, nous essayons alors d’être à l’abri. C’est exactement ce qui est arrivé à Piriapolis, où un coup de vent prévu s’est finalement avéré être une petite tempête, malmenant Fleur de Sel plusieurs heures durant avec un vent soutenu de 50 nœuds. Elle était pourtant bien amarrée derrière les jetées du port, dont les eaux étaient transformées en chaudron, et malgré la protection de 2 gros voiliers à notre vent, le bateau se faisait fouetter par les paquets de mer provenant des vagues ayant explosé sur le brise-lame à 200m de là ! Cela dit, après deux inconfortables journées, le beau temps est revenu, et Heidi aussi. Le vent s’était tassé pour retrouver des vitesses plus habituelles, celles que nous rencontrons dans l’immense majorité des cas, et nous étions alors prêts pour poursuivre notre voyage sur le Rio de la Plata. Mais ce qui nous attendait alors n’était plus un avis de tempête, mais bien un avis de tampons !

Pause orientale

Pause orientale

Le plus cocasse à Punta del Este, ce sont les lions de mer dans le port

Le Rio de la Plata commence à Punta del Este, capitale balnéaire de l’Amérique du Sud, et c’est après une petite navigation tranquille, où le moteur a parfois du nous épauler, que nous arrivons en vue d’une ligne d’immeubles. Tout au long du trajet, la côte était plate, basse et sablonneuse. De toutes les manières, nous avons tiré un peu au large, histoire d’essayer de profiter des derniers soubresauts de notre ami le Courant du Brésil, alors nous n’avons pas vu grand-chose. Enfin, c’est inexact, puisque nous avons tout d’abord eu la visite de dauphins, peut-être un ultime salut au Brésil une fois le chenal de Rio Grande bien dégagé. Ensuite, c’est le Soleil qui a tiré sa révérence de mille feux, et ce plusieurs fois, en alternant avec des come-backs tout aussi flamboyants. Ces couchers et levers de soleil commencent à sentir ceux des latitudes un peu plus hautes, et nous prenons plaisir à renouer avec ce spectacle. En premier lieu, il s’agit plutôt d’un long métrage, comparé aux spots publicitaires ultra-courts qu’on voit sous les tropiques. Ensuite ils ont des couleurs qu’on ne voit pas dans les eaux chaudes… Eh oui, nulle n’est parfaite, et il n’y a pas de destination idéale. Et Fleur de Sel est justement en route vers le sud, toujours le sud, histoire de changer.

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