Sainte Trinité et Port de Notre-Dame du Bon Vent
En quelques mots, Buenos Aires, c’est une agglomération de 13 ou 14 millions d’habitants dans un pays qui en compte 40. Autant dire qu’il s’agit d’un véritable pays dans le pays. Inutile de préciser que le nom ne fait pas référence aux “bons airs” du monoxyde de carbone rejeté par les millions de voitures, bus et camions chaque jour dans la capitale argentine. A l’origine nommée Santísima Trinidad y Puerto de Nuestra Señora del Buen Ayre, ce qui signifie “Sainte Trinité et Port de Notre-Dame du Bon Vent”, le nom a été raccourci, comme souvent en Amérique Latine (São Sebastião do Rio de Janeiro est ainsi devenue Rio).
Bref, une fois en règle après notre entrée en Argentine, nous voici donc partis à la découverte de cette immense métropole. Malgré la réputation de fierté des Argentins, et plus encore des Porteños (les habitants du port, c’est-à-dire de la capitale), nous les trouvons plutôt sympathiques. Quant à la ville, immense et étouffante, elle nous surprend finalement et nous la trouvons belle et agréable. Il semble que de nombreux monuments ont été restaurés pour le bicentenaire de l’Argentine, qui a lieu cette année. Dans les quartiers centraux, l’architecture est indubitablement européenne. On ne se croirait vraiment plus en Amérique !
Nous arpentons le centre et le nord de la capitale au cours de deux visites guidées gratuites proposées par de jeunes guides dynamiques, qui nous permettent de voir l’essentiel de la ville, et de nous orienter : Plaza de Mayo, Plaza del Congreso, Obelisco, Recoleta et Plaza San-Martin. C’est l’occasion ensuite de visiter quelques bâtiments particulièrement intéressants : la cathédrale métropolitaine où repose le héros de l’indépendance José de San-Martin et la Casa Rosada (le palais présidentiel où Evita s’est adressé à la foule).
Nos visites nous ont aussi menés plus au sud, dans le quartier bohème de San Telmo d’abord, avec ses marchands d’antiquités et ses danceurs de tango dans la rue. Un peu plus loin, à La Boca, quartier ouvrier du vieux port, nous avons admiré les maisons de tôle aux couleurs criardes, tandis que les danceurs étaient cettefois-ci clairement des racoleurs pour les restaurants à touristes, et avaient l’air fatigués d’avoir dansé le tango chaque jour…
Le dimanche, où le Microcentro (la City argentine) est plutôt mort, c’est dans l’ouest de la capitale que nous avons rencontré un autre pan de la culture argentine. A la Feria de Mataderos, les gauchos vendent leur artisanat traditionnel. Et à l’occasion du jour de la tradition, nous avons même pu assister à des démonstrations de l’habileté à cheval des cow-boys argentins. Un petit anneau est suspendu sous un portique. Leur cheval lancé au grand galop, les gauchos utilisent une toute petite lance pour attraper l’anneau. Chapeau !
Au Café Tortoni, nous assistons encore à une représentation de tango. Evidemment, il ne s’agit pas de la dance improvisée et sensuelle qui est née dans les bordels du port, et qui est devenue si célèbre par la suite. C’est plutôt un musical bien rodé et plus spectaculaire qui est proposé aux touristes, mais ça n’en reste pas moins beau. Et c’est l’occasion d’écouter les morceaux de Gardel, de Piazzolla et d’autres encore, joués par des musiciens connaissant bien leur art. Un moment de régal…
Fleur de Sel a alors fait quelques milles pour quitter le Yacht-Club Argentino et rejoindre le Centro Naval de Nuñez, qui nous accueille maintenant. Elle est restée dans les eaux porteñas, tandis que nous avons pris le bus vers l’intérieur du pays. Nous reviendrons à Buenos Aires, histoire de préparer le voyage vers le sud, et de profiter encore un peu de cette ville que nous trouvons bien agréable. Dans les mots d’Heidi : “De toutes les grandes villes, c’est la seule dans laquelle je pourrais vivre.” Ce n’est évidemment qu’une impression de touriste en quelques jours, mais nous aimons décidément bien cette ville.