Changement de rythme : accélération !
Enfin, après une semaine à la vitesse d’un escargot, nous remettions les voiles. A ce rythme-là, nous n’allions pas progresser bien vite. Et pourtant, maintenant que nous avions quitté la Tasmanie, il nous fallait au contraire changer de rythme pour accélérer ! C’est ce que fit Fleur de Sel, dès que nous nous sommes dégagés de la baie de Portland, en passant les superbes Lawrence Rocks entourés de nuées d’oiseaux (et tapissés du guano qui accompagne inévitablement les volatiles…) Doublant les caps les uns après les autres, nous avons ensuite tracé au portant un peu au large de l’extrême côte sud de l’Australie Méridionale (eh oui, après notre bref passage dans le Victoria, nous voici maintenant dans un nouvel état). Nous avons rythmé nos empannages pour la mi-journée et le milieu de nuit, nous rapprochant de la côte en première partie de journée, et nous en éloignant en seconde partie, histoire de profiter alternativement des brises de terre et de mer avec un angle optimal. Le long des côtes, comme toujours, on croise quelques pêcheurs au gros (ou au plus petit), quelques casiers aussi, dont un qui vient se prendre dans la dérive arrière. Heureusement, l’hélice de Fleur de Sel est bien protégée et vu la forme de la coque, ça se dégage sans encombre en relevant la dérive. Enfin, après 48 heures, et comme prévu, le vent nous abandonne quelques heures juste au moment où nous approchons de Kangaroo Island.
Comme nous avons marché mieux que prévu, avec 5,8 nœuds de moyenne sur deux jours, nous sommes en avance et le courant est encore contraire dans le Backstairs Passage. Après avoir admiré les formidables falaises des caps à l’est de l’île, Cape Willoughby, Cape St-Albans et Cape Coutts, nous progressons donc lentement en nous faufilant au moteur le long de la côte. Heureusement que le vent est faible car sinon la mer aurait été bien désagréable dans ce détroit connu pour ses sautes d’humeur. Nous y croisons les ferries qui relient le petit port de Penneshaw au continent. Finalement, nous venons mouiller dans l’après-midi en face d’American Beach, un nom qui trahit la présence dans ces eaux, au début du XIXème siècle, de phoquiers américains. Malheureusement nous arrivons un peu tard pour aller visiter l’une des quelques wineries de l’île, non loin du mouillage, d’autant que le vent s’est maintenant relevé. Kangaroo Island offre peu d’abris, et nous sommes alors dans la zone qui en propose le plus, mais qui est un peu moins pittoresque. La météo étant favorable, avec un bel anticyclone estival dans notre sud-ouest, nous allons donc poursuivre notre route dès le lendemain et pendant deux jours.
Une fois passée la pointe nord de l’île, les falaises redeviennent grandioses. En revanche, sur cette côte relativement rectiligne, les baies sont peu profondes et n’offrent que peu de protection. Et nous allons vite apprendre que la mer dans les parages est caractérielle : rien n’arrête les vagues et elles semblent se propager dans tous les sens sur cette mer intérieure qu’est le Investigator Strait. On en vient à se demander d’où proviennent et comment se forment les vagues venant du nord-est et de l’est, toutes ces directions dans lesquelles se trouve la terre, ou tout au moins le Gulf of St-Vincent, et où le vent qui souffle devrait en fait générer des vagues qui s’éloignent de nous plutôt que des vagues venant vers nous ! Nous nous trouvons maintenant dans la partie de l’Australie qui a un climat méditerranéen, et il faut croire que la mer aussi a le caractère associé ! Mais ce n’est pas tout : ajoutez à cela un courant de marée non négligeable, et parfois la belle houle du sud, et vous avez un cocktail pas évident pour trouver du repos la nuit. Le vague abri de Mares Tails nous parait peu prometteur, et nous atteignons avant la nuit Knob Point, qui ne se révèlera pas meilleur, l’encoche face à la plage étant trop étroite pour mouiller en sécurité et le clapot étant de toutes les façons omniprésent. Le lendemain, notre destination est Western River Cove, mais lorsque nous y arrivons la situation est bien pire : un véritable chaudron de sorcière, où qu’on choisisse de se mettre. Pas question de “dormir” là ! Paradoxalement, nous avons passé trois abris qui nous paraissaient meilleurs, Boxing Bay et Emu Bay la veille, et Hawks Nest ce jour là, mais à chaque fois c’était en milieu de journée et c’était dommage de ne pas pousser plus loin avant la nuit. Le problème, c’est qu’il n’existe que très peu d’informations sur cette côte. Un guide nautique a bien existé il y a des décennies, mais il semble difficile de se le procurer, et à présent nous faisons avec les quelques indications glânées sur des blogs. Difficile, donc, de se faire une idée de ce qu’on va trouver.
Un peu dépités, nous poursuivons donc notre croisière à grande vitesse le long de Kangaroo Island, espérant que l’une des deux dernières baies à l’ouest nous procurera un abri pour la nuit, et ce malgré la houle qui doit monter. Nous atteignons Snug Cove dans l’après-midi, et le miracle se produit : nous découvrons un véritable bijou. Un endroit non seulement protégé, mais aussi et surtout magnifique. Nous allons passer deux nuits là, Fleur de Sel étant comme sertie dans un joli écrin doré – car l’herbe de Kangaroo Island, sans doute un peu plus encore qu’ailleurs, n’a rien de vert, du moins à cette saison. Le lendemain nous en profitons pour nous promener sur les collines surplombant le mouillage. L’eau turquoise est d’une limpidité telle que Fleur de Sel semble planer au-dessus du mouillage, son ombre se détachant nettement sur le fond sablonneux quelques mètres à peine en-dessous. En fin de matinée déjà, il fait une chaleur folle, et à l’ombre de quelques arbustes nous découvrons plusieurs kangourous, ceux-là même qui ont donné leur nom à cette grande île (une longueur de 150km, une superficie moitié celle de la Corse, tout de même, et la troisième plus grande d’Australie).
L’île a une histoire un peu particulière, car elle a été découverte par Flinders en 1802, précédant de peu l’expédition Baudin, qui en fit le tour et la cartographia en lui donnant le nom d’Ile Borda. Mais surtout, ce doit être une des rares parties d’Australie qui n’était pas peuplée par les Aborigènes. Kangaroo Island est l’endroit qui met en lumière l’un des plus grands mystères concernant les premiers occupants australiens, à savoir que pour peupler l’Australie il y a 50’000 ans (!), il a fallu qu’ils sachent naviguer pour s’y rendre par voie de mer. Et pourtant, depuis leur arrivée, plus aucune trace de ce savoir n’a jamais été retrouvée, à aucun moment de leur histoire. Les mouvements de population ont ensuite été contraints par les âges glaciaires, qui ont entraîné des hausses et baisses du niveau de la mer. Dans le cas de la Tasmanie, les populations autochtones s’y sont retrouvées isolées de celles du continent et ce depuis plus de 10’000 ans, tant et si bien que les Aborigènes tasmaniens avaient (jusqu’à leur anéantissement par les Européens) une culture très différente de Aborigènes d’Australie. Mais Kangaroo Island, elle, n’était plus peuplée à l’arrivée des Européens, sa population ayant du soit la déserter avant la montée des eaux, soit y périr par la suite, sans possibilité de rejoindre le continent ! C’est donc à peu près le seul endroit où la colonisation britannique se fit sans heurts, puisqu’il n’y eut pas de conflit avec les Aborigènes.
Il nous fallut cependant quitter notre merveilleux petit refuge, et ce après quelques jours à peine à Kangaroo Island, mais nous ne pouvions pas nous permettre de perdre trop de temps ici ou là ! Nous sommes alors déjà le 10 février et il nous reste plus de 1’000 milles à faire sur la côte sud du continent avant l’arrivée de l’automne. Les 50 milles que nous faisons ce jour là nous permettent de rallier Thistle Island, et pour ce faire nous franchissons d’abord l’Investigator Strait, passant ensuite au large de la Yorke Peninsula qui semble toute plate, et nous longeons ensuite les Gambier Islands, qui avec leurs rudes falaises arides ne ressemblent en rien à leurs homonymes polynésiennes ! Nous avons alors franchi l’ouvert du Spencer Gulf, la seconde et plus profonde des deux encoches qui entaillent la côte. Nous avons contemplé un moment l’idée de remonter jusqu’à Port Augusta, à 200 milles au fond du golfe, afin d’y louer une voiture pour aller visiter le centre de l’Australie. Mais nous avons finalement conclu que cette idée était incompatible avec les contraintes saisonnières qui nous imposent de maintenir la cadence, en plus de l’organisation peu évidente d’un tel voyage et du coût non négligeable de celui-ci. Tant pis, Uluru, Kata Tjuta et Kings Canyons, ce sera pour une autre fois, un jour, peut-être…
A la place, Fleur de Sel a mouillé dans Whalers Bay, qui nous propose un superbe panorama : d’impressionnantes falaises calcaires, tandis que la baie est d’un turquoise intense et est surplombée de quelques résidences secondaires. A terre, nous voyons des rock wallabies (pétrogales) et des goannas (varans), mais en faisant abstraction de ceux-ci, on se croirait dans un contexte méditerranéen. Un petit air de Grèce ou de Turquie peut-être, et pourtant notre escale suivante est assez différente puisque nous mouillons les deux jours suivants autour de Reevesby Island, une île basse et sablonneuse, flanquée à l’ouest par un simili-lagon. Cette fois-ci on se croirait plus aux Iles de Glénan, et nous profitons alors d’un temps très calme, nous gratifiant de superbes levers et couchers de soleil. Mais ce temps clément ne dure pas, et la dégradation doit durer plusieurs jours, si bien que nous rejoignons rapidement les environs de Port Lincoln, l’un des plus gros port de pêche d’Australie. Nous y passons plusieurs jours, mouillant derrière Boston Island, à côté des silos géants en face de la ville (pour le supermarché et le carburant), et derrière Fisherman Point. Mais nous passons aussi une nuit à la marina excentrée pour ravitailler en eau. Celle prise à Portland était potable, mais avait un fort goût et laissait des traces de calcaire partout, et celle de Port Lincoln s’avérera meilleure mais seulement marginalement, à croire que la bonne eau pure est inconnue sur la côte sud d’Australie. Au global, Port Lincoln est une escale pratique mais la ville n’a pas un cachet inoubliable. Tout ici porte le nom de Flinders, car c’est bien lui le héros qui a exploré et cartographié en détail cette côte. Note originale, plutôt que de baptiser les lieux du nom d’amiraux ou de riches soutiens, il a préféré des noms du Lincolnshire, dont il était originaire, ce qui explique Boston, Reevesby et bien d’autres. Un peu plus au sud, en revanche, dans un endroit où les îles et baies sont plus intéressantes que la ville, le cap porte cependant le nom de Cape Catastrophe, car dans ces parages parcourus par un fort courant, une chaloupe de son expédition chavira, aucun des huit marins ne survivant à la noyade. Les îles et baies de environs portent donc aussi le nom des marins en question.
Une fois le temps redevenu plus maniable, notre première halte pour la nuit fut à Williams Island, un site magnifique, mais cependant trop agité pour un repos serein, les vagues se réfléchissant sur les falaises accores du cap en face. Cependant, nous parvenons ainsi à rejoindre dans la journée du lendemain le mouillage de Seasick Bay, tout juste protégé par Point Sir Isaac, et distant de 70 milles. Nous sommes alors à l’ouvert de Coffin Bay, une site apparemment très beau, et où il faut slalomer entre les bancs de sable. La météo étant incertaine, nous hésitons à y passer plusieurs jours, mais finalement nous décidons de poursuivre, non sans cependant avoir été faire une longue marche dans le Coffin Bay National Park. La végétation, bien que présente, n’est autre qu’un maquis, l’endroit étant terriblement aride ! Notre étape suivante se fait à la faveur d’un bon vent nocturne, qui nous permet d’atteindre l’abri de Waldegrave Island au lever du jour, avant que le vent ne faiblisse. Nous sommes alors entourés par de hautes falaises, et les rochers non loin sont gardés par de nombreux phoques, mais ce beau spectacle de nous empêche pas de sombrer dans un sommeil de quelques heures. C’est que cet après-midi là, une fois la brise thermique revenue, mais pas trop tôt pour coller avec la marée, nous repartons pour atteindre Venus Bay. L’entrée de cette petite mer intérieure peut être dangereuse si le courant s’oppose à la houle, et ce même en suivant les alignements. On passe proches des brisants et les falaises alentour rendent la mer un peu chaotique, mais une fois dedans, nous trouvons de l’eau plate : la nuit sera bonne ! Nous ne débarquons même pas, car nous arrivons à la nuit tombante et nous levons l’ancre avant 7h le lendemain.
Il nous reste encore 70 milles à faire dans la journée pour rallier Streaky Bay, et tout au long de la journée, nous doublons cap après cap, tous plus pelés les uns que les autres. Il y a bien quelques maisons ou fermes de temps en temps, mais pas la moindre trace de verdure, tant tout ici est brûlé par le soleil et désséché par le vent. En saison estivale, tout au long de cette côte, le vent souffle généralement du sud-est, ce qui nous permet de progresser vers l’ouest, mais il n’apporte que peu d’humidité. Ce n’est que lorsqu’un front puissant arrive à percer qu’un semblant de pluie peut parfois se produire, mais sauf exception il faut attendre l’hiver pour obtenir des précipitations conséquentes. Pour entrer à Streaky Bay, il nous faut tirer des bords dans le jour déclinant, et nous mouillons entre chien et loup, ne devinant que les trois autres bateaux au mouillage.
Comme souvent sur cette côte méridionale, les fonds sont médiocres : du calcaire surmonté d’une couche de sable de faible épaisseur, et tapissée d’algues (tape weed), un vrai challenge pour l’ancre. Jusqu’ici notre fidèle Spade, qui a survécu à l’Ecosse et la Patagonie, a néanmoins réussi à nous tenir, aidée il est vrai par une bonne longueur de chaîne. Cette nuit-là, où le vent devait être inférieur à 10 nœuds, les choses se sont passées différemment. Les 35 mètres de chaîne dans 4m d’eau n’ont visiblement pas suffi lorsqu’un grain orageux nous est tombé dessus à l’improviste vers 2h du matin. Chez nos voisins non plus, le mouillage n’a pas suffi, et simultanément sur trois bateaux a commencé le ballet des lampes frontales, chacun tentant de remonter son mouillage alors que les rafales montaient à plus de 35 nœuds. Après avoir traversé la baie pour réduire le fetch, nous avons remouillé nos 50m de chaîne dans 2m d’eau, ce qui a tenu, et nous avons veillé jusqu’au petit jour lorsque le vent s’est appaisé. Evidemment, le lendemain rien n’y paraissait plus et c’est comme si rien n’avait eu lieu. Il n’y avait tellement plus de vent que j’en ai même profité pour monter dans le mât vérifier le gréement tant l’eau était plate !
Nous sommes ensuite revenus mouiller devant la petite ville, et même nous amarrer à la jetée publique, ce qui nous permettait encore une fois de faire le plein d’eau (un peu meilleure mais toujours pas fameuse), ainsi que du gazole, bidonné depuis la station toute proche. Streaky Bay est une petite ville sans prétention, mais pratique pour avitailler, et néanmoins avec un petit charme coquet pour un “bled” de l’outback. Nous y passons quelques jours, attendant que la situation calmo-orageuse se décante, faisant quelques trajets vers les deux supermarchés tous proches, et faisant connaissance avec nos quelques voisins. Et puis, le vent du sud étant revenu, nous parcourons la quarantaine de milles jusqu’aux Franklin Islands, typiquement “South Australian”. Falaises ocre, sable blanc, lagon turquoise, et maquis vert-de-gris. L’endroit est magnifique et le mouillage bien protégé, c’est parfait ! Nous y sommes rejoints par Veronica et John, sur leur voilier Vagabond, le seul justement qui n’avait pas bougé pendant le grain : et pour cause, ils habitent à Streaky Bay et le bateau est sur un corps-mort ! Ils débutent à la voile, et nous passons une soirée intéressante ensemble à bord. Le lendemain, nous poursuivons vers St-Francis Island, la plus avancée du Nuyts Archipelago, ces îles qui débordent l’ouest de l’Australie Méridionale, et dont le nom donné par Flinders commémore les premiers Européens à avoir atteint ces parages, les Néerlandais du Gulden Zeepaert, en 1627. Malheureusement, le mouillage est moins bon et notre dernière nuit avant la grande traversée ne sera pas la meilleure.
La grande traversée car si vous regardez bien, plus à l’ouest il n’y a plus rien. Rien sur la côte ou presque. Il y a de vagues abris par temps pas trop agité, mais rien de transcendant, et finalement il vaut mieux rester au large pour parcourir les 470 milles qui permettent de traverser le Great Australian Bight. Rien à terre non plus, ou presque : on y trouve la Nullarbor Plain. “Nullarbor” comme aucun arbre sur plus de 1’000km. C’est là où se trouvent la plus longue route droite d’Australie (et la seconde du monde !), sur 146km. Là aussi où on trouve la plus longue voie ferrée toute droite, sans un virage sur 478km ! Etonnamment, il y a vaguement quelques villages dans ce désert inhospitalier, notamment Eucla, en Australie Occidentale, et Border Village en Australie Méridionale.
En effet, c’est là, au milieu de rien que l’on change d’état, et cela me permettra de terminer ce (long) article sur un sujet qui, je l’espère, vous détendra et vous fera bien rire, ou tout au moins vous fera sourire : à savoir, les fuseaux horaires australiens. En effet, je ne l’ai pas mentionné, mais à notre arrivée en Australie Méridionale, il nous a fallu reculer nos montres d’une… demi-heure ! Eh oui, pour faire simple, ces zouaves de “South Australians” n’ont pas choisi un fuseau horaire standard. Et ils sont rejoints en cela par les clowns du Northern Territory, mais eux ont choisi de ne pas devenir un état, et de ne rester qu’un territoire, donc ils n’ont pas voix au chapitre, mais c’est parce qu’ils ont choisi de ne pas avoir à choisir. Si vous n’avez rien compris, ce n’est pas grave, c’est normal, c’est Australien. Bref, lorsqu’on est en Australie Méridionale, c’est compliqué. Ou plutôt, c’est l’horreur. Parce que pour savoir à quelle heure sont transmis les bulletins météo, les fax météo, les fichiers grib, etc. la gymnastique est compliquée. Ajoutez à cela l’heure d’été, logiquement utilisée sous les latitudes tempérées mais pas tropicales, et comme vous pourrez le voir sur cet article Wikipédia (en anglais), vous vous trouvez déjà avec un patchwork de cinq fuseaux horaires, dont deux non-standards. Deux ? Non, trois ! Car, oui, revenons-en à ces petits villages frontaliers perdus dans le désert. Ils ont (logiquement) trouvé que l’heure de Perth (très lointaine) et Adelaide (lointaine et non-standard) ne leur correspondait pas. Donc ils ont mis en place, et de manière non-officielle en plus, leur propre fuseau horaire. Tenez-vous bien, il s’agit de UTC+08:45… Oui, vous avez bien lu, pour une population d’environ 200 personnes, il existe un fuseau horaire décalé de 45 minutes par rapport au standard. Ah, et si jamais vous trouvez cela compliqué, dites-vous que je n’ai pas parlé des morceaux d’états qui utilisent l’heure de l’état d’à-côté, comme à Broken Hill (NSW). Et encore, je ne vous ai pas raconté les fuseaux horaires des îles australiennes : les Cocos que nous visiterons, qui sont elles aussi décalées d’une demi-heure à UTC+06:30, et surtout Lord Howe, qui utilise UTC+10:30 l’hiver, et qui passe à UTC+11 l’été, soit un changement d’heure d’une demi-heure seulement. En tous cas, vous aurez deviné que dès que nous avons levé l’ancre de St-Francis Island pour nous lancer dans la traversée du Great Australian Bight, nous avons immédiatement changé d’heure pour retrouver une heure “normale” !