Catégorie : Journal

Plenty of pétole

Plenty of pétole

Le timing est bon : nous jetons l’ancre dans Mercury Cove, et nous sommes le 11 décembre. A peine un ou deux autres bateaux de plaisance et quelques pêcheurs passent la nuit ici, mais d’ici deux semaines, l’endroit grouillera de monde. Tout comme les îles du Hauraki Gulf, celles qui débordent la péninsule du Coromandel sont les destinations les plus prisées par les Aucklanders pour leurs grandes vacances d’été. Mais pour l’instant, nous profitons donc de l’endroit de manière délicieuse et confidentielle. Surpris par la beauté à la fois sauvage et domestiquée de cette île, nous décidons d’y passer une journée supplémentaire. Et le lendemain au réveil, nous admirons cette petite baie paisible et presque complètement fermée, entourée de collines harmonieuses. Et puis soudain, vers midi, nous croyons avoir de la visite.

Mythique Hauraki Gulf

Mythique Hauraki Gulf

Il a crachiné une bonne partie de l’après-midi, le vent a été bien plus mou que prévu, et c’est donc après la tombée du jour que nous atteignons notre mouillage. Dans le crépuscule finissant, nous avons à peine deviné la silhouette volcanique de Rangitoto, devant laquelle nous venons mouiller. Il s’agit du volcan le plus récent de la région d’Auckland, qui en compte bien une soixantaine. C’est il y a 600 ans seulement qu’a émergé de l’eau ce cône aplati, jouxtant l’île voisine de Motutapu, si bien que nous sommes maintenant particulièrement protégés du vent de nord qui se lève enfin. Le lendemain matin, par un temps bien bouché, ça souffle même fraîchement, mais nous nous élançons tout de même pour une courte navigation au portant. Ferrys rapides, cargos, même un voilier ou deux, il y a de la circulation dans le Waitemata Harbour – le grand bras de mer protégé qui baigne Auckland au nord-est. Il faut dire que la plus grande ville de Nouvelle-Zélande est aussi baignée au sud-ouest, du côté Mer de Tasman, par un autre grand havre, le Manukau Harbour, mais nettement moins accessible que le fond du Hauraki Gulf où nous nous trouvons actuellement. Fleur de Sel atteint un véritable paradis pour la navigation, constellé d’îles, aux brises tantôt capricieuses, tantôt musclées, et qui évoque chez chaque voileux des souvenirs de Coupe de l’America…

De l’exercice !

De l’exercice !

Il faut croire que nous avons mal choisi le moment de notre départ de la Bay of Islands. Dès notre première relâche, dans la baie de Whangamumu, le vent en profite pour tourner au sud-est, et la pluie pour s’abattre sur tout le Northland. Il faut dire que l’extrémité nord du pays est vraiment sujette à un climat subtropical – et nous avons pu constater à quel point la végétation naturelle y est luxuriante – tant et si bien que les Kiwis la surnomment « the winterless North ». Et alors que le printemps est déjà bien avancé, pas de chance, nous subissons les effets de bord d’une jolie dépression tropicale tandis que le reste du pays est sous le soleil… Rageant, et le surlendemain nous profitons que la météo annonce une accalmie du vent contraire pour essayer de trouver le salut dans la fuite vers le sud.

Une baie, des îles

Une baie, des îles

Un océan de possibilités s’offre à nous. Maintenant que nous sommes arrivés en Nouvelle-Zélande, il nous faut envisager l’avenir sous un œil différent. Jusqu’ici nos efforts s’étaient concentrés vers le fait d’atteindre Opua, le port d’entrée le plus au nord du pays, au fond de la Bay of Islands. Désormais, qu’allons-nous faire ? Quand, comment ? Ce sont les questions qui viennent doucement se glisser dans notre esprit tandis que nous sombrons dans un long sommeil récupérateur. Cette traversée n’aura pas été de tout repos, surtout durant les trois jours où nous avons fait « usage », peut-être de façon un peu cavalière, d’une dépression quasi-stationnaire, pour gagner au sud-est. Mais au final, nous sommes contents d’avoir atteint la Nouvelle-Zélande sans autre encombre qu’un inconfort passager.

Dix jours sur la route des moutons

Dix jours sur la route des moutons

La journée a commencé tôt : le vent a soufflé fort cette nuit et depuis qu’il a tourné vers le S, la Baie de Kanuméra où nous sommes mouillés n’est plus aussi bien protégée. Encore un coup d’œil (prolongé) aux prévisions météo et notre décision de la veille est confirmée. On se lance. Il faut se motiver pour partir alors qu’on voit la houle briser avec vigueur sur le récif et qu’on n’a pas beaucoup fermé l’œil de la nuit… Derniers rangements, nettoyage, cuisine pour préparer quelques plats d’avance. Dégonflage de l’annexe et rangement du moteur hors-bord, une petite sieste, un dernier bain et une bonne toilette. En milieu d’après-midi, juste après l’arrivée du dernier fichier GRIB, on lève l’ancre, exactement deux mois après être arrivés en Nouvelle-Calédonie.

Photos du Pacifique Sud

Photos du Pacifique Sud

Alors que nous sommes de retour à Nouméa et dans l’attente d’une météo favorable pour voguer vers la Nouvelle-Zélande, il faut signaler qu’il y a du nouveau sur notre site !

Au bout du monde, au bout du rêve

Au bout du monde, au bout du rêve

Par temps clair, on voyait régulièrement au large des Vava’u un beau cône volcanique. C’est l’île de Late, sur laquelle deux navigateurs ont très récemment fracassé leur bateau, de nuit, ayant sans doute oublié qu’elle était là. Nous y passons peu avant le coucher du soleil, c’est notre première marque de parcours, la première d’une bonne série. Car entre Tonga et Fidji, les hauts fonds, volcans sous-marins ou non, et autres récifs sont nombreux. Alors notre navigation vers Nouméa sera tout sauf la route directe. En milieu de nuit, nous avons déjà dégagé un premier champ de mines, tandis que le vent nous propulse vers l’ouest. Nous vivons comme toujours en mer au rythme de la météo. Comme prévu, le vent s’est établi au sud peu avant que nous ne quittions le mouillage, nous assurant de belles moyennes au largue, et il tourne progressivement au sud-est. L’anticyclone qui nous assure un bon alizé devrait persister quelques jours, ce qui nous arrange, si bien que Fleur de Sel nous alignera plus de 300 milles en 48 heures, une belle performance ! De bon augure pour ce début de traversée, qui sera marquante à plus d’un titre.

Et maintenant ?

Et maintenant ?

L’océan Pacifique est grand, très grand, et il comprend de nombreuses îles qui ne nous sont pas toujours familières. C’est d’ailleurs la raison qui nous avait poussée à vous proposer une carte permettant de s’y repérer un peu mieux. Les dimensions véritablement gigantesques de cet océan – dont nous avions pris la mesure en traversant du Chili à la Polynésie – ainsi que les richesses touristiques et culturelles qu’il recèle, nous avaient incités à y prévoir un séjour plus long qu’ailleurs autour du globe. Deux saisons hivernales, ainsi que la saison cyclonique qui les sépare, voilà qui aurait pu sembler beaucoup. Et pourtant ! Ce ne sont pas moins de 8 mois que nous avons passés à explorer les cinq archipels de Polynésie Française en y parcourant presque 4’500 milles. Et depuis que nous avons quitté ce monde enchanteur, il y a deux mois déjà, nous avons déjà parcouru presque 2’000 milles, en passant par Suwarrow, les Samoa et les Tonga. C’est le moment de rejeter un coup d’œil à la carte que nous vous avions proposée, et vous verrez alors combien notre séjour Pacifique en devient ridicule. Mais l’horloge ne s’arrête pas : au moment de quitter les Tonga, nous sommes déjà mi-août, et il nous faut penser aux échéances qui n’attendent pas non plus. Aussi, lors de ces derniers mois, en plus des visites, bricolages, navigations et mondanités, avons-nous potassé les guides, les instructions nautiques et les cartes. Nous vous livrons ici le résultat de nos réflexions.

Au bout des Vava’u

Au bout des Vava’u

Neiafu a beau être la deuxième agglomération des Tonga, ce n’est guère plus qu’un gros village, et en son centre tout tourne autour du tourisme. Pour les “yachties”, qui peuvent y trouver certains services qui leur sont utiles, mais plus généralement à l’attention de tous les touristes, qui viennent surtout ici pour voir les baleines. Mais mis à part ces tours-opérators qui auraient pu être les mêmes qu’au Brésil, qu’en Mer Rouge ou qu’à Hawaï, il n’y a pas grand chose d’autre que des maisonnettes plutôt rafistolées. Peu de choses nous retiennent donc en ville une fois qu’on a fait quelques courses de première nécessité, passé une dernière soirée avec nos amis de Taurus et lu nos emails. Nous ne pourrons pas aller très loin, puisque les Vava’u sont un groupe d’îles très compact ! Mais fidèles à nous-même, nous voici en route pour le bout du monde. Enfin, le bout des Vava’u…

Pomme de terre en robe des champs et pré-carré kiwi

Pomme de terre en robe des champs et pré-carré kiwi

Le cône de déventement de Savai’i nous aura retenus plusieurs heures dans une petite brise légère d’ouest. Puis en une minute ou deux, quelques bouffées d’alizé ont d’abord soufflé avant que le vent d’est bien soutenu ne s’établisse, le tout en l’espace de 200 ou 300m. Impressionnant, les moutons parsemaient maintenant la mer tandis que quelques minutes plus tôt nous étions dans la pétole. Mais c’était parti, et il ne nous restait que 24 heures environ à faire pour atteindre notre objectif tongien, à commencer par l’île de Niuatoputapu. Depuis longtemps, les Américains (intimidés par les noms peu habituels) l’ont rebaptisée “New Potato”. Pourquoi pas “en robe des champs”, tant qu’on parle de pomme de terre nouvelle ?