Un mois envers et contre la météo
Fin septembre, et ce depuis quelques jours ou semaines déjà, nous avions une activité principale et favorite à bord, plus encore que d’habitude : la météo. Certes, une fois arrivés à Oyster Bay, nous nous sommes occupés d’aller faire des courses à Luganville et de faire la lessive. Nous avons aussi fait un peu de tourisme, remontant une rivière en annexe sur un mille et demi pour atteindre le “Blue Hole” de Matevulu. Un endroit superbe, à l’eau douce cristalline, dans laquelle nous nous sommes baignés et lavés, jetés même avec une liane installée dans un gigantesque banyan par le chef local. Et surtout dans laquelle nous avons rempli tous nos bidons, car depuis que nous sommes arrivés au Vanuatu il n’a plu qu’une seule fois. Nos réservoirs sont en petite forme et nous venons prendre tout ce que nous pouvons.
Province Shefa
En arrivant à Efaté la mer est toujours bien haute, le vent ayant soufflé à 25 nœuds toute la nuit. Nous avons du réduire la voilure pour freiner Fleur de Sel et éviter une arrivée trop matinale. Et puis, passée Pango Point, l’eau devient plate, et subitement le temps se met au grand beau. C’est donc sous un soleil radieux que nous parcourons les derniers milles vers Port Vila. Le bord de mer n’est alors qu’une succession de luxueuses villas et de quelques resorts, exposées au nord-ouest sur le bord de mer, donc face au soleil couchant de l’hémisphère sud. Nous prenons alors un corps-mort juste derrière Iririki Island, chez Yachting World, la base d’accueil des yachties.
En terre de caractère
Seuls 35 milles séparent Aneityum de Tanna. Mais on se rappellera que la raison principale de notre départ du mouillage d’Anawamet est le roulis. Le vent souffle donc fort et il fait un temps à grains, avec un air bien humide. Le pont aussi, d’ailleurs, ne va pas tarder à être mouillé, aussi bien par les embruns que par les averses. Les lignes de traîne vont rester désespérément inertes, malgré les 6 nœuds de moyenne. Et une heure ou deux après le départ, on pourrait presque se croire loin au large, non seulement car la houle est bien formée et haute, mais aussi car Aneityum a disparu dans les nuées. Tanna, elle, ne se montrera que quelques heures plus tard, alors que nous sommes à moins de 10 milles, et nous n’aurons évidemment jamais aperçu la haute île de Futuna que nous laissons 30 milles dans l’est (à noter qu’il ne s’agit pas de l’île sœur de Wallis mais d’une autre île homonyme, cependant également peuplée de gens d’origine polynésienne).
Anatomie d’une île autonome
L’ancre de Fleur de Sel repose maintenant dans la baie d’Anelcauhat (ou Anelgowhat, il faut s’habituer aux orthographes multiples et variées), et sous ses barres de flèche flottent le pavillon de courtoisie vanuatais et le pavillon jaune de quarantaine. Nous abordons le pays par un port qui n’est pas un port d’entrée officiel. Mais nous ne sommes pas hors la loi pour autant : avant de partir nous avons demandé à la douane du Vanuatu la permission d’aborder à Anelcauhat, et nous avions reçu en retour (et dans les 3 heures !) un beau document officiel nous donnant l’autorisation demandée. On nous demande juste d’appeler la police d’Anelcauhat sur VHF 16 pour faire les formalités, ce que nous faisons. Mais aucune réponse. Nous attendons, et cela nous arrange bien, car le mouillage est très protégé et tranquille et on peut se reposer avant d’aller à terre. Le lendemain matin, toujours aucune réponse, et nous mettons donc l’annexe à l’eau pour débarquer. La station de police est simple et spartiate (aucune trace de poste VHF…), et l’officiel en short et t-shirt nous délivre le permis de navigation jusqu’à Port-Vila en échange des frais de douane et de quarantaine. Pas d’inspection phytosanitaire, la seule contrainte est de ne débarquer aucun aliment frais provenant d’ailleurs, et nous réalisons alors que nous aurions pu apporter bien plus de fruits, légumes et viande.
Nouveau départ et petits soucis
Nous nous étions fixés la date du 30 juin pour terminer de travailler, et en programmant la sortie pour carénage au 1er juillet, cela nous obligeait quelque peu à respecter le timing (en fait il y a quand même eu un peu de retard). Fleur de Sel a donc été hissée au sec sur le travelift de Nouville, et nous avions devant nous une semaine pour gratter la coque et la nettoyer au karcher (une journée qui nous a permis d’ajouter “Brut de Corail” à notre gamme de parfums), la poncer (une autre journée), et la peindre en passant 2 à 4 couches d’antifouling selon les endroits (une journée à chaque fois). Comme nous avons fait recaler le bateau pour pouvoir peindre les endroits préalablement inaccessibles et que la pluie s’est immiscée dans le jeu (ce qui nous donnait le temps de nous occuper des passe-coques à revoir), la semaine prévue a tout juste suffi. Le 8 juillet, Fleur de Sel retrouvait enfin son élément, tandis que Port Moselle nous retrouvait une place pour quelques jours.
Miss Twinguette
Après avoir commencé à travailler, et donc décidé de nous installer, il a fallu entamer de nouvelles recherches. Car il est difficile de vivre à Nouméa sans voiture, même si l’on est situé en centre-ville et que l’on peut aller au bureau à pied. Rien que pour les courses, trouver une voiture fait sens, car d’une part on est vite limités à ce qu’on peut porter, d’autre part, on est également borné aux supermarchés les plus proches, et enfin cela évite d’emprunter la voiture de quelqu’un d’autre lorsqu’on doit faire un plus gros plein. De plus, pour sortir de Nouméa, et même s’il existe quelques liaisons par bus, la plupart des endroits sont inaccessibles sans son propre moyen de transport. Nous avons donc commencé notre recherche…
Ne nous formalisons pas
Vaste sujet que celui des formalités, lorsqu’on voyage en bateau. Et d’autant plus critique qu’aujourd’hui, dans la plupart des pays, les contrôles sont plus fréquents partout, et les frais sont en éternelle hausse. Car les voiliers sont perçus comme une source de revenus pour l’état visité. D’une part pour minimiser les coûts, mais aussi les éventuels ennuis, il faut donc s’informer à l’avance et savoir comment procéder. Explications pour ceux d’entre vous qui envisagent le grand départ, mais aussi pour vous tous qui nous suivez et qui pouvez ainsi vous faire une idée de cet aspect de notre voyage.