10 jours de croisière norvégienne en temps forts
Dix jours déjà que nous sommes en Norvège. Dans les grandes lignes, nous avons bien progressé, en remontant de Bergen jusqu’à Ålesund, soit plus de 2° de latitude gagnés vers le nord. Mais pour revivre ces quelques journées, je vous propose un résumé en bien / pas bien :
Bien : L’arrivée sur la côte norvégienne au soleil couchant (c’est-à-dire vers 23h) avec les montagnes enneigées de l’arrière-pays visibles déjà à 45 milles.
Bien aussi : Les abris tranquilles de Limavågen par temps calme, puis de Bergen (dans Vågen, le vieux port, le long de Bryggen, le quai hanséatique, aux belles maisons en bois peint) qui nous protégera pendant le coup de vent qui nous talonnait pendant la traversée depuis les Shetland. Une jolie baisse du baromètre, un force 7 bien pluvieux, bref, pas du tout envie d’être en mer à slalomer entre les plateformes, et encore moins envie d’être à l’approche d’une côte sous le vent…
Pas bien : L’amarrage de Bergen qui coûte 100 NOK, sans électricité, et auquel il faut rajouter encore 110 NOK pour pouvoir prendre une douche (en achetant une carte magnétique rechargeable, svp ! A quoi cela sert-il aux voyageurs de passage de pouvoir la réutiliser ??? En plus personne ne sait où elles se trouvent…). Heureusement que pour ce prix-là on a pu faire une lessive !
Bien ensuite : Visite au bureau des douanes (de l’autre côté du port, évidemment), pour s’annoncer, et y remplir le fomulaire idoine, qui permet de déclarer que nous n’importons pas d’alcool, du moins pas plus que les 2 ou 3 bouteilles par personne autorisées. Eh oui, nous ne sommes plus dans l’Union Européenne, mais au moins ce n’est pas compliqué et vite expédié. L’alcool est la seule chose qui importe : on ne rigole pas avec ça ici. Pour le reste, aucun souci, nous obtenons notre papier tamponné en règle, qui sera notre sésame au cas où on nous le demande plus loin.
Pas bien : Le vent persiste au nord-ouest, ce qui nous oblige à pas mal de louvoyage (et de moteur quand les fjords sont trop étroits ou qu’on a envie d’avancer et/ou d’arriver). Et quand on passe enfin la péninsule de Statt, où la côte oblique au nord-est, devinez comment tourne le vent… Bon, vent du nord = beau temps, donc on ne se plaint pas non plus. On a l’impression que plus on monte plus les tropiques se rapprochent. Cherchez l’erreur…
Bien : Les paysages de Norvège, aux mouillages souvent pittoresques. A l'”extérieur”, ce sont quelques maisons à l’entrée d’une baie, en bois peint couleur rouge sombre, et certaines avec un toît en herbe. Un ou deux petits pontons avec quelques bateaux amarrés. De gros blocs de granit semblant provenir d’on ne sait quelle litho-ébullition. Et ça ou là, dans les endroits les plus abrités du vent, quelques arbres. A l'”intérieur”, ce sont plutôt les forêts de sapins, qui donnent l’impression de naviguer sur un immense lac de montagne, aux ramifications interminables.
Pas bien (dommage) : Impossible pour nous de visiter le Sognefjord, le plus grand de Norvège (plus de 200km de long). C’est bien trop peu adapté à un bateau à voile : dans les fjords, soit c’est le calme plat, soit c’est la tempête, et de plus il n’y a quasiment aucun endroit où jeter l’ancre car la profondeur descend immédiatement à plusieurs centaines de mètres. Il n’existe qu’un seul bateau express qui pourrait nous le faire remonter, mais il faudrait laisser Fleur de Sel au mouillage quelque part, et c’est impossible à l’endroit où l’on pourrait prendre le ferry… En plus, l’intérêt serait non seulement d’admirer les paysages grandioses, mais aussi et surtout de visiter les “églises en bois debout” (Stavkirke) qui en jalonnent le parcours. Impossible à boucler en un jour, et laisser Fleur de Sel plusieurs jours sur son ancre, c’est un peu stressant… Tant pis donc pour le Sognefjord et ses Stavkirke 🙁
Bien à la place : Nous franchissons donc l’embouchure du Sognefjord, sans nous attarder, et nous atteignons enfin Alden. Surnommée Den Norske Hesten (le “cheval norvégien”), elle donne raison à Otto Vang, qui disait qu’en Norvège, “il y a des îles qui sont des montagnes, et des montagnes qui sont des îles”. Presque 500m d’altitude sortis de l’eau sans prévenir, ce sera l’objectif de notre randonnée du 21 juin, pour fêter l’été. Au mouillage, un autre voilier, suédois, dont le skipper résume fort à propos la vue qu’offre le sommet : “From up there, you can see all of Norway !” (enfin… presque…)
Pas bien : Petite erreur d’approvisionnement. Nous faisons sans doute trop confiance à nos guides. Par deux fois, ceux-ci affirmaient que des magasins d’alimentation se trouvaient dans les ports où nous passions. Erreur, impossible de trouver quelque petite épicerie que ce soit. Heureusement que nous avions un peu d’avance, mais pour la suite il nous faudra être plus autonomes en nourriture que prévu. Pour l’eau, aucun souci, il s’en trouve sur n’importe quel quai ou ponton.
Vraiment pas bien : Le moteur nous a lâchés, toujours au niveau de l’accouplement d’arbre d’hélice, et nous voilà contraints non seulement à des bricolages inutiles, mais surtout à ne pouvoir l’utiliser qu’à faible vitesse. Lorsqu’on le lance plus fort, la liaison se met à patiner, use l’arbre et ça tient encore moins bien la fois suivante. C’est pour nous un gros souci, parce que nous faisons de la voile, certes, mais le moteur est indispensable pour entrer dans un port. En plus c’est notre sécurité, au cas où la voile (ou le vent) nous faisait défaut. Il va donc falloir remédier à ce problème de manière sérieuse, et l’avis de ceux qui s’y connaissent est évidemment le bienvenu !
Pas bien non plus : Depuis que nous sommes dans le grand nord, nous sommes un peu décalés. Difficile de se faire aux journées interminables. Il y a vaguement quelques heures sur les 24 qui sont un peu plus sombres : actuellement le soleil passe 4h sous l’horizon mais il n’en est vraiment pas loin, donc la nuit n’est en fait qu’un crépuscule sans fin. Aucun souci pour dormir depuis que Heidi nous a cousu des rideaux bien opaques. Mais impossible de s’astreindre à se coucher avant qu’il ne fasse sombre. Résultat, nous ne sommes que rarement d’attaque le matin, heure à laquelle les magasins sont ouverts, etc. Il va falloir se discipliner sur la route du soleil de minuit.
Très bien : La Norvège nous paraissait bien moins sauvage que l’Ecosse. Il faut dire qu’il y a des maisons presque partout. Mais à Runde, nous avons retrouvés les oiseaux de mer. Et quel spectacle ! Macareux, guillemots, fous de Bassan, sans compter les mouettes et goélands. Mais nos amis les fulmars se font tout de même plus discrets. La lumière du soir nous a offert un délicieux passage le long des falaises de Runde, à admirer le ballet de dizaines ou centaines de milliers d’oiseaux. Accessible seulement par la mer, quel privilège de pouvoir l’admirer sans être assis dans un bateau à touristes.
Vous le voyez, ces derniers jours ont été bien remplis. Beaucoup de navigation, des soucis c’est sûr, un peu de fatigue mais ça va encore, et surtout on en profite pour se remplir les yeux. Si la suite est du même acabi, ça promet ! Mais pour cela, encore faut-il qu’il y ait une suite, et ce n’est pas gagné avec notre moteur récalcitrant.
One Reply to “10 jours de croisière norvégienne en temps forts”
Dommage pour le Sognefjord, il est vraiment sympa mais je conçois aisément qu’il n’y ait pas assez de vent pour un bateau à voile.