Deux ans mais pas beaucoup plus
C’était le 4 mai 2013 que Fleur de Sel faisait officiellement son entrée en Nouvelle-Calédonie. C’est-à-dire il y a tout juste plus de deux ans. Lorsque nous sommes revenus sur le Caillou, nous ne savions pas si nous y resterions deux mois, un an, ou deux, ou qui sait trois ou cinq ? Finalement, nos recherches avaient été positives, et nous nous étions lancés dans des défis professionnels. Petit rappel : pour moi les chose avaient commencé assez vite, dès la seconde moitié de juin, tandis que pour Heidi les choses ont traîné jusqu’en octobre. Mais à la fin 2013, nous étions tous les deux lancés à 200 à l’heure dans une routine bien rôdée. Routine que j’ai interrompu plus de 3 mois à la mi-2014 pour convoyer Fleur de Sel jusqu’à Koumac en solo, passer deux mois en Europe, et attendre la météo favorable pour le convoyage retour. Heidi m’avait accompagné durant les deux premières semaines de notre voyage antipodien. Au retour pour l’un et pour l’autre, retour aux affaires de nouveau à plein temps pour Heidi, et à un rythme un peu moins soutenu pour moi, ce qui me permettait notamment de travailler un peu sur le bateau. Pour Heidi, l’expérience Koniambo s’est arrêtée en février, ce qui nous a permis d’aller fêter son anniversaire (avec un retard négligeable) à Melbourne mais en avion, Fleur de Sel restant sagement à Port Moselle.
Le début du mois de mai, c’est aussi un bon soulagement pour nous, car si l’année dernière la saison cyclonique (décembre-avril) n’avait pas été impressionnante, avec deux dépressions proches mais “maniables”, cette année on n’est pas passé loin de la catastrophe, avec Pam. Nous n’osons penser au sort de Fleur de Sel si ce terrible cyclone avait ciblé la Calédonie. Mais revenons à des pensées plus exaltantes, car nous avons des projets plein la tête, l’objectif étant de boucler mes affaires dès que possible pour attaquer la suite du voyage en commençant par le Vanuatu pendant cette saison navigable. Puis ce sera le cap vers le sud de l’Australie à la saison estivale, et pour le reste nous vous invitons à voir la suite du programme actuel sur notre page “Parcours” mise à jour. Nous sommes donc en plein préparatifs, car cela fait deux ans que Fleur de Sel s’est quelque peu muée en appartement flottant. Nous avons continué à l’entretenir, mais moins que d’habitude et avant de repartir certaines choses sont à revoir, à remplacer, à rénover.
Dans notre dernière Lettre du Bord, nous vous parlions du moteur, qui avait été l’objet de nos attentions sur la fin 2014, histoire de lui faire une révision complète. Il y avait aussi eu la réfection des parquets, entièrement revernis. Mais la liste de nos travaux en cette première moitié de 2015 s’allonge notablement :
- Réparation du guindeau électrique un peu capricieux (les aimants du stator s’étaient décollés).
- Améliorer la perche IOR, d’une part en transformant sa bête loupiote (une ampoule à incandescence faiblarde tout de même vendue 40€ par Plastimo en 2010) en une lampe à flash (une solution bien plus visible et efficace !) avec piles au lithium (qui dureront donc bien plus longtemps). D’autre part en déplaçant son support pour qu’on puisse naviguer avec la perche déployée sans gêner l’éolienne.
Installer un deuxième contacteur de pompe de cale, d’une technologie différente pour plus de sécurité (avec simple contact du niveau d’eau tandis que le contacteur primaire est un flotteur).
L’avenir nous dira si ça marche, car impossible de tester pour l’instant sans activer la carte SIM (qui reste de plus à acquérir), ce que nous ferons peu de temps avant de partir.
Refaire le revêtement intérieur en liège des toilettes, en commençant par arracher l’ancien. Décapage ensuite à la meuleuse, puis pose de nouveaux panneaux de liège ajustés, en profitant de cette occasion pour enlever et reposer le plexi bâbord et le hublot rond sur l’arrière. Saturation par la suite du liège pour le protéger de l’humidité. Enfin, refaire les finitions en découpant de nouvelles baguettes d’angle, ensuite vernies avec soin. Bref, vous l’aurez compris, nous avons maintenant des toilettes bien plus jolies. Il nous reste le lavabo à remplacer, l’actuel montrant des signes de faiblesse, mais impossible de trouver cela ici, alors nous l’avons commandé en Australie et il nous y attendra lors de notre passage.
Réalisation de cadres intérieurs en menuiserie pour nos panneaux de pont. Pour la bulle ça n’a pas été trop difficile, mais pour le panneau avant il nous fallait le faire sans angle droit, un petit challenge supplémentaire. Mais ça y est, c’est poncé, vernis, installé, et ça rend bien !
Démonter l’éolienne pour changer les roulements (c’est en cours). On espère que ce faisant elle fera moins un bruit de 747 au décollage, mais nous avions déjà abandonné par deux fois dans le passé, l’un des boulons de la façade s’étant soudé au carter. Cette fois-ci, j’ai fini par le détruire à la perceuse et par ouvrir le boitier sans trop faire de dégâts (réparation du carter à l’epoxy, et il va falloir trouver comment remplacer le joint et le boulon, évidemment de taille américaine donc introuvable ici…)
Et puis, il nous faut encore mettre à jour de notre équipement de sécurité. En effet, d’une part, notre immobilisation ces deux dernières années a fait que nous avons atteint certaines dates de péremption ou de révision nécessaire. Et d’autre part, la réglementation française a changé avec effet au 1er mai 2015, et il nous faut donc mettre Fleur de Sel en conformité avec ces nouvelles règles, au risque sinon de nous voir verbaliser lorsque l’administration française (au côté tatillon célèbre) ne manquera pas de nous contrôler. Nous avons donc fait réviser les extincteurs, ce qui nous donnera une année de plus, mais il nous faudra ensuite en trouver des nouveaux car ils commencent à être bien oxydés. De même nous avons fait réviser notre balise de détresse, car il était temps, et de plus c’est un équipement qui devient obligatoire pour faire de la navigation hauturière. Regardons le côté positif de la chose : les moyens obligatoires à bord pour signaler une détresse deviennent modernes, avec VHF et balise obligatoires, tandis que les anciens moyens peu efficaces, dangereux et polluants sont abandonnés, à savoir les fusées. Reste à savoir comment nous allons réussir à recycler celles que nous conservons pour l’instant à bord bien qu’elles soient périmées…
Enfin, à regarder de plus près la réglementation, nous avons vu que le “dispositif de repérage et d’assistance pour personne à la mer” devait maintenant avoir une flottabilité minimale de 142 newtons, ce qui excluait notre “Rescue-Sling” actuel. C’était l’occasion d’acquérir une bouée Silzig, mais trop chère en Nouvelle-Calédonie. Nos voisins de ponton, partant en vacances en France nous ont proposé de rapporter le nécessaire, et c’est donc avec une saucisse orange géante dans ses valises que Pauline est revenue de France. Nous lui avons aussi confié d’autres broutilles, comme des nouveaux percuteurs de gilet de sauvetage, et de quoi mettre à jour notre pharmacie de bord. Merci Pauline !
Fleur de Sel devrait (presque) être prête à reprendre la mer pour de bon, mais ce serait bien de tester un peu tout cela lors d’une petite sortie dans le lagon. Pourtant, pas de chance, si ces dernières semaines lorsqu’il faisait beau nous étions bien occupés, depuis deux semaines au contraire et alors que les longs week-ends s’enchaînent le temps est exécrable. C’est l’occasion de poursuivre notre recherche concernant un dernier aspect clé : le radeau de survie. Le nôtre est arrivé à expiration, ce qui est malheureux, car nous nous rendons compte comme c’est compliqué d’en trouver un dans cette partie de la planète. On ne trouve que les radeaux basiques en Calédonie, et au moins au double du prix européen. Ce n’est pas une surprise, car entrent en compte les droits de douane, mais aussi le transport de ce matériel lourd et surtout dangereux (explosifs dans les fusées, bouteille de CO2 comprimé, etc.) Même en Australie ou en Nouvelle-Zélande, ce n’est pas simple, sans parler de réussir à se faire livrer par exemple au Vanuatu. Bref, il est possible que nous choisissions le bas de gamme “made in China”, simplement pour que cela reste abordable, à moins que nous ne finissions par réussir à obtenir celui que nous souhaitons (un Viking RescYou Pro 4 personnes en container) à un tarif abordable… Le suspense reste entier…
One Reply to “Deux ans mais pas beaucoup plus”
Ravie de lire votre article juste après notre petite entrevue virtuelle,
que j’ai trouvé très rassurante…
Je vous souhaite bonne continuation et que le Saint Esprit vous guide
et vous accompagne toujours!