La plus inhospitalière des côtes [2] : Ningaloo Reef, Pilbara et Broome
En un peu plus de 24 heures d’une navigation pour une fois agréable et sans histoire, nous passons de la région de Shark Bay à celle du Ningaloo Reef. Nous retrouvons alors le domaine de la grande houle, qui constitue un paramètre essentiel pour l’exploration de cette côte difficile. Ici aussi, de nombreux navires ont terminé leur course, et malheureusement, lorsque nous approchons de Coral Bay, le petit village touristique du sud du Ningaloo, nous tombons en pleine opération de recherche en mer : deux hommes partis pêcher à bord de leur bateau à moteur ne sont pas rentrés la veille et plusieurs bateaux, un hélicoptère et un avion ratissent la zone plusieurs jours durant. Nous ouvrons l’oeil également, et alors que pour effectuer notre approche nous empannons deux fois le long du récif, nous voyons sans mal comme il peut être sans pitié : la grande houle du large vient terminer sa course au-dessus du corail dans un fracas majestueux et incessant, déployant à chaque rouleau une puissance phénoménale. Malheureusement, nous constatons vite que la passe est bien trop large pour abriter le mouillage de Maud’s Landing vers lequel nous nous dirigeons. Mais nous n’avons pas le choix, car il est interdit de rentrer dans Coral Bay proprement dite, tant elle est damée de corail, bien trop dangereux pour qui ne connait pas bien le coin.
Après un certain repos, nous poursuivons donc le lendemain, naviguant maintenant entre le récif et la côte. La majorité du temps, ça se fait facilement, mais il y a quelques passages où il faut slalomer entre les têtes de corail, et je passe donc un bon moment dans les barres de flèche à guider Heidi à la barre ou au pilote. Ailleurs, on navigue dans 2m d’eau sur plusieurs milles et on se demande évidemment toujours si les fonds ne vont pas remonter à un moment ou un autre. Autre problème, le vent de sud est bien soutenu, et la côte est souvent trop rectiligne pour procurer un véritable abri. Nous trouvons néanmoins un endroit où passer la nuit juste derrière Cloates Point, dans très peu d’eau, et surtout à un endroit où le récif corallien nous protège particulièrement bien. Mais le lendemain, pas question de débarquer pour voir la Ningaloo Station, le ranch local, ni Norwegian Bay, où se trouvent des restes de la station baleinière norvégienne du début du siècle, tant le vent souffle et tant il y a de houle. Non, fidèle à elle-même, la Ningaloo Coast va bien se défendre et ne fera que tolérer notre passage sans se dévoiler plus.
En longeant cette côte dans les derniers jours de mai et les premiers jours de juin, nous sommes d’ailleurs en plein dans la saison des requins-baleines, mais nous n’en verrons pas un seul. Ces plus grands poissons du monde viennent passer plusieurs mois ici chaque année, et c’est l’une des grandes attractions du coin, et d’ailleurs un temps-fort proposé par les tours-opérateurs. Mais le Ningaloo n’osera pas dévoiler ses trésors pour l’équipage de Fleur de Sel. Même le snorkelling n’est pas vraiment possible au vu de la houle et du courant, ce qui est regrettable car tant de trésors sous-marins sont certainement à portée de main.
Nous poursuivons donc encore notre progression vers le nord, fuyant les eaux inhospitalières de Norwegian Bay parcourue par un fort vent du sud. Au moins ce vent permet-il à Fleur de Sel de bien marcher même dans la grande houle. Car nous avons ici du ressortir du récif, et nous nous situons maintenant à l’endroit où le talus continental est le plus proche de la côte de toute l’Australie – le plateau ne fait que 2 milles de large. Cela explique l’abondance de la vie marine dans cette zone, et la présence saisonnière des requins-baleines, mais aussi l’ampleur de la houle. En milieu d’après-midi, donc, nous atteignons l’entaille suivante dans le récif, au niveau de Yardie Creek, et nous remontons ensuite quelques milles contre le vent (qui commence opportunément à s’apaiser). Nous dormirons là, derrière une petite pointe qui vient nous abriter du clapot, le premier bon mouillage que nous trouvons sur cette côte.
De plus, l’endroit est loin d’être désagréable. Si en mer les fonds plongent sans tarder, à terre c’est un peu le contraire : il y a maintenant une petite cordillère qui longe la côte, ce qui change par rapport aux côtes complètement basses auxquelles on a eu droit jusqu’ici. Nous sommes au pied de la péninsule du Cape Range, et l’érosion du calcaire rouge a façonné des collines superbes, entaillées ici ou là par une petite vallée sèche sauf par temps de pluie. Seule Yardie Creek fait exception, puisqu’un semblant de cours d’eau subsiste dans un canyon qui s’enfonce dans les hauteurs. Le lendemain matin nous faisons donc quelques milles de slalom entre les patates de corail isolées et difficiles à voir dans le soleil (car on fait route vers le nord-est), pour mouiller devant l’embouchure de la rivière. Celle-ci est le plus souvent obstruée par une barre sablonneuse jusqu’à ce que de fortes pluies viennent dégager la barre pour quelques années, avant que celle-ci ne se referme à nouveau. Après avoir débarqué, nous effectuons le sentier touristique qui longe la rivière sur quelques kilomètres, et le soleil est de la partie ce qui n’est pas pour nous déplaire. Il révèle en effet les couleurs intenses du lagon et du calcaire pour un résultat du plus bel effet. Il nous faut en profiter, car cela ne va pas durer !
La franche dégradation annoncée depuis quelques jours se précise effectivement, sans que l’on sache toutefois où passeront les deux (petites mais humides) dépressions tropicales qui vont nous tomber dessus depuis la zone équatoriale. Nous profitons donc du dernier souffle de vent du sud pour progresser encore vers le nord, à petite vitesse, atteignant dans la nuit le mouillage de Tantabiddi, dont la passe est heureusement très bien illuminée. Une fois à l’intérieur, et bien que parcouru par un fort courant au gré des marées, le mouillage est relativement bien abrité de la houle. C’est pour cela que nous avons choisi de nous mettre là au moment où les choses vont se gâter.
Dans la journée du lendemain, le vent tourne au nord-est, le ciel devient bien plombé et nous subissons de très grosses averses, si bien que le snorkeling est peu séduisant. Et finalement, dans la nuit suivante, la dépression choisit de passer dans notre nord, nous apportant du vent de sud-est, de terre donc, mais très soutenu. Seulement, voilà, un deuxième petit vortex doit encore passer, et il mettra plusieurs jours à nous atteindre, durant lesquels il pleuvra régulièrement, et nous serons exposés à des vents de toutes directions : une perspective d’autant peu séduisante qu’après cela, de forts vent d’est sont prévus pendant une semaine. A contrario, cogitant pendant ces journées, nous élaborons un autre scénario, qui change pas mal nos projets tout en les facilitant – plutôt que de tenter coûte que coûte de profiter du Ningaloo Reef, pour ensuite peiner à rejoindre le port de sortie initialement envisagé, Dampier, et de peiner ensuite à gagner de l’est pour rejoindre Kupang, notre port d’entrée indonésien.
Nous nous élançons donc ce soir-là directement pour Broome, à plus de 500 milles de là, alors que le vent est encore bien fort, mais il n’y a pas de temps à perdre. Nous laissons ainsi dans le sillage le caractériel Ningaloo, et nous décidons de profiter de la perturbation pour gagner avec elle dans l’est. La navigation est musclée, tout au moins au début et à la fin, puisque nous passons le North West Cape dans 30 nœuds de vent bien tassés, sous deux ris et trinquette. Finalement, le vent de sud-est tient plus longtemps que prévu et nous impose de nous éloigner de la côte, ce qui nous interdira un petit arrêt éventuellement envisagé à Onslow. Fleur de Sel avance bien, même si son équipage est un peu groggy.
Nous commençons alors à longer (à distance) la côte du Pilbara, énorme région de terre rouge, connue principalement pour sa production et ses exportations de minerai de fer. Les ports en eau profonde sont invariablement rouges de poussière eux aussi, les cargos s’y succèdent frénétiquement pour transporter tout ce minerai vers l’Asie, et ce sont des destinations guère reluisantes pour un voilier. Il y a peu d’autres abris, car la marée, ici, fait son grand retour, le plateau continental s’élargissant considérablement une fois le North West Cape passé. Le marnage passe ainsi de 2m à l’ouest, à Onslow, à 4m à Dampier, puis à 6m à Port Hedland à l’est. La côte étant peu profonde, les quelques pointes ou îlots procurant un abri à marée haute seront à découvert à marée basse, et inversement les mouillages avec de l’eau à marée basse seront bien trop loin du rivage pour être abrités à marée haute. Ajoutez à cela que les courants deviennent importants avec de tels marnages, rendant ainsi les mouillages peu agréables et la mer hachée lorsqu’il y a du vent.
Il faudrait encore mentionner le nombre d’installations pétrolières entre lesquelles on doit slalomer, et qui interdisent parfois l’accès à telle ou telle zone. Et puis encore, bien au large se trouve l’archipel des Montebello Islands, la seule destination qui puisse être véritablement intéressante – et elle l’est aujourd’hui malgré les plateformes pétrolières qui l’entourent, plusieurs Australiens nous ayant recommandé de nous y rendre. Mais, dans les années 50, c’est là que le gouvernement britannique – de connivance avec le gouvernement australien, mais sans jamais en informer le peuple australien – a effectué ses essais nucléaires ! Aujourd’hui les niveaux de radioactivité ont suffisamment baissé, mais il reste néanmoins interdit de passer la nuit à terre sur les sites d’explosions. Bref, on finit par se dire que la région est finalement peu recommandable pour faire du tourisme, et nous avions d’ailleurs prévu de passer ici sans vraiment visiter, ne serait-ce que par faute de temps – nous sommes alors déjà début juin. C’est pourtant la meilleure saison dans le coin, car seulement un mois plus tôt s’est achevée la saison cyclonique dans cette région la plus frappée d’Australie, au point qu’elle est surnommée “Cyclone Highway” ! Non, il n’y a vraiment rien pour nous ici…
Malheureusement, lorsque nous approchons du Mary Anne Passage, le vent a bien baissé et la marée nous est défavorable, si bien que nous avançons au moteur, sur un tapis roulant en sens contraire, progressant bien peu des heures durant. Le passage n’est large que de quelques milles, mais on ne voit presque rien de la côte : les récifs débordent la grande Barrow Island sur une quinzaine de milles sur babord et la côte sur une douzaine de milles sur tribord si bien qu’on est comme en pleine mer. Six heures plus tard, le courant portant nous expulse enfin du passage, mais tout au long de cette étape, nous nous rendrons compte que le courant contraire est toujours plus fort que le courant portant. C’est au large de Dampier que nous retouchons le vent promis par la seconde dépression – celle que l’on aurait du attendre des jours sous la pluie si nous n’avions pas bougé. Et Fleur de Sel se retrouve de nouveau sur l’autoroute, fonçant au portant, croisant les rails de cargos ainsi que quelques petits pêcheurs en face des ports.
Une fois passée Bedout Island, il nous reste 200 milles à faire, et la côte à ce niveau là s’appelle Eighty Mile Beach, une immense plage, donc, mais que nous ne verrons pas plus que le reste, car nous sommes à plus de 30 milles au large. Les prévisions sont exactes, et le vent de sud-ouest tourne au sud-est et forcit, si bien la mer devient de plus en plus difficile car les courants deviennent encore plus importants. Le bateau se fait balayer par les embruns bien salés, et le soleil revenu déssèche tout sur place, si bien Fleur de Sel se dote petit à petit d’une croûte de sel géante. Nous avons hâte de terminer ce convoyage, et plutôt que de pousser jusqu’à Broome, après quatre jours en mer nous venons mouiller dans Gourdon Bay, à 35 milles du but, mais en ayant accompli l’essentiel, et avec la perspective d’une bonne nuit de sommeil. Il ne faut pas faire de bêtise, tout de même, car nous arrivons après le coucher du soleil, et le marnage dépasse ici les 8 mètres ! Mais tout se passe bien.
Ne nous reste plus, le lendemain, qu’à parcourir les 35 milles en question, au bon plein. Nous avons réussi notre pari, et nous savons que cela va grandement nous faciliter la tâche pour rejoindre l’Indonésie. Oui, mais voilà, toutes les difficultés ne sont pas écartées : il va nous falloir faire avec les conditions contraignantes à Broome. Le fameux marnage de 9m en vives-eaux (c’est le cas lorsqu’on y arrive) vient se conjuguer aux alizés soutenus (25, parfois 30 nœuds, en matinée) pour compliquer les choses : ni l’avitaillement ni les formalités de sortie ne seront faciles à effectuer. Le mouillage devant la ville est exposé au vent et parcouru par plus de 4 nœuds de courant, tandis que le quai n’est raisonnablement utilisable qu’à marée haute et le fort courant complique beaucoup la manoeuvre d’accostage, la rendant presque dangereuse.
Nous choisissons donc d’aller mouiller de l’autre côté de la péninsule, derrière Gantheaume Point, profitant du fait qu’il n’y a pas ou très peu de houle d’ouest. Au moins le mouillage est-il viable, et on parvient à peu près à débarquer à toute heure de la marée sur la grande plage (Cable Beach, car c’est de là qu’arrivait le premier câble télégraphique sous-marin reliant l’Australie à Singapour !). Inconvénient, en revanche, nous sommes loin, très loin du centre-ville. Le premier jour nous parvenons à traverser les dunes par un sentier et à atteindre la station service la plus proche pour y remplir un bidon d’essence et faire trois achats. Mais pour un véritable avitaillement, il faut prendre un taxi.
C’est alors que Guy, rencontré à Fremantle, nous met en contact avec ses amis Bill et Katrina, qui nous prêtent leur ute (pick-up) durant tout le samedi après-midi. Génial ! Nous faisons donc une dernière razzia chez Coles, ainsi qu’un autre trajet pour aller remplir nos jerrycans de gazole. Avec le ute, on peut apporter tout cela sur la plage, à 100m de l’eau, et transborder nos provisions dans l’annexe. Quelle grande aide ! Pour remercier Bill et Katrina, nous les invitons à prendre l’apéro à bord le dimanche soir, et ils ont l’air enchantés aussi. Lors de cette dernière journée, nous faisons encore un peu de préparatifs pour le départ, en transvasant notamment dans nos bouteilles de gaz françaises le contenu de la bouteille australienne que nous avaient procurée Patricia et Alain à Fremantle.
Restent à faire les formalités, et nous avons pris contact avec la douane avant d’arriver. Le principal problème est que le quai côté ville est le seul endroit autorisé pour faire les formalités. Heureusement, nos interlocuteurs sont très compréhensifs et serviables et nous proposent d’obtenir une dérogation à condition que nous en fassions la demande. L’autorisation nous est accordée et les douaniers peuvent alors venir faire notre clearance là où nous sommes mouillés, ce qui est optimal pour nous. Le lundi matin, nous les accueillons donc à bord, et après quelques vérifications, nous obtenons notre clearance de départ. C’est donc officiel, après 7 mois et demi, nous allons quitter l’Australie. Sans véritablement chômer, nous n’aurons parcouru durant tout ce temps que 60% environ de la côte, tant elle est immense, et nous aurons à la fois vu tant et si peu.
Une heure à peine après le départ des douaniers, nous levons l’ancre et Fleur de Sel vogue vers le nord. Comme prévu, le vent tombe alors – le créneau n’est pas optimal pour la météo, mais on fait avec le timing imposé par les autres contraintes. La mer étant plate, nous poursuivons à la voile autant que possible dans les petits airs, et nous sommes récompensés de notre persévérance. Nous passons ainsi en silence au milieu d’un banc d’énormes tortues, que nous parvenons à approcher de très très près – le pays-continent nous fait de magnifiques adieux ! Quelques milles plus loin le moteur prend tout de même la relève, le soleil se couche ensuite, et nous ne reverrons alors plus la côte, même si l’on va encore la longer un moment.
Dans le noir, nous passons encore des noms familiers sur la carte : Cape Boileau, Coulomb Point, Cape Bertholet, Carnot Bay et Carnot Peak, Lacépède Islands et Lacépède Channel, Cape Borda, Cape Leveque… Ils viennent s’ajouter aux Cape Latouche-Tréville, Ronsard Island, Cape Legendre, Cape Bruguières, ou Cape Cuvier déjà doublés sur cette côte nord-ouest, et proviennent de l’expédition Baudin, qui fit le tour du continent à l’orée du XIX° siècle, en cartographiant une part importante de la côte. Le plus drôle, cependant, c’est l’impression de se retrouver dans un mélange antipodien entre le quartier latin parisien et un arsenal de la Marine Nationale ! A partir de là commence le Kimberley, une région somptueuse, très difficile à naviguer en raison des marées et courants extrêmes (toujours), du fait de son isolement, et des crocodiles d’eau salée qui l’habitent (les salties qui peuvent atteindre une taille de 5 mètres). Ces derniers nous tentent peu, mais pour le reste, il parait que c’est un bassin de croisière exceptionnel, mais pour nous ce sera dans une autre vie. A la place, au large du Cape Levêque, nous captons encore notre dernier réseau mobile australien, le temps de donner quelques nouvelles et de prendre une météo.
Ensuite, notre route vers le nord se fait sans histoire, Fleur de Sel profitant des oscillations du vent revenu pour gagner encore ici ou là dans l’est, tandis que les courants de marée nous imposent encore eux aussi une trace en zigzag. La traversée est alors ponctuée de rencontres avec quelques bateaux, la plus surprenante étant l’apparition d’un navire français sur l’AIS, et dont le nom s’affiche par la suite : le câblier Ile de Ré. C’est l’occasion de papoter un peu en français à la VHF. Suivent alors une pléthore de plateformes pétrolières et de navires de support à l’exploration et à l’exploitation pétrolière. Puis plus rien en surface, mais nous nous faisons survoler en rase-motte par un avion des douanes australiennes, souhaitant sans doute vérifier que c’était bien nous.
Mais nous n’en avons pas encore tout à fait terminé avec l’Australie ! Le continent est bien derrière, désormais, avec sa côte nord-ouest bien inhospitalière, mais sur notre route se trouve Ashmore Reef, un récif corallien dont seuls émergent trois petits îlots de sable. Et nous avons cru comprendre que les autorités australiennes tolèrent qu’on y fasse escale, pourvu qu’on respecte les règles du parc national. Tandis que nous avançons à vitesse réduite pendant toute une nuit, histoire de n’arriver qu’au petit jour, nous évitons donc soigneusement d’entrer dans la zone interdite. Nous nous faisons alors interpeller à la VHF par le Cape Leveque, l’un des bateaux des douanes australiennes qui se relayent sur place plus de 300 jours par an, et eux aussi attendent le jour pour entrer. Ils relèvent nos informations et nous indiquent qu’a priori rien ne s’oppose à ce qu’on passe quelques jours à Ashmore Reef.
Une fois le soleil levé, nous embouquons donc le chenal sinueux mais bien balisé pour nous faufiler entre les patates de corail, et nous venons nous amarrer à l’un des multiples corps-morts placés là pour éviter d’endommager le corail avec l’ancre et la chaîne. Le temps d’un bain pour se rafraîchir et le pneumatique des douaniers nous rend déjà visite, très courtoisement. Nous passerons deux jours à Ashmore, profitant de ce merveilleux cadre pour faire de beaux snorkelings, pour nous reposer, pour refaire de l’eau douce, pour faire de la cuisine et du pain…
Certes, il ne s’agit pas du meilleur mouillage, car le marnage reste sensible, et à marée haute, la houle passe un peu par dessus le récif, tandis que le clapot traverse tout le lagon. De plus, il est interdit de débarquer sur les îlots. Mais déjà de là où nous sommes, entre le turquoise du lagon et le blanc des bancs de sable, le panorama est enchanteur. West Island supporte un peu de végétation, en majeure partie des buissons bas, et est surmontée par un cocotier unique, à la fois surprenant et très pittoresque. Bref, nous sommes très contents de pouvoir profiter de cet endroit que nous avons quasiment pour nous tous seuls. Nous savons bien à quel point nous avons de la chance, notamment d’être alors à mille lieues des trépidations de la civilisation – et surtout à l’abri de l’Eurofoot !
Au moment de repartir, de nouveau à l’aube, c’est à un autre bateau des douanes australiennes que nous adressons nos remerciements pour cette belle escale, le Cape Sorell. Alors que nous allons quitter les eaux australiennes, nous faisons ainsi un rapide retour par la pensée vers la si belle Tasmanie, désormais complètement à l’opposé du pays, et où nous avions viré le cap en question. Nous tournons maintenant la page, et ce soir là, après un dernier survol de l’avion des douanes, nous passons dans les eaux indonésiennes, où nous attend un autre monde très très différent.