Thème : Météo

Atterrissage calédonien

Atterrissage calédonien

Une traversée sans trop d’histoires, un long silence radio, un retour sur le Caillou, mais que se passe-t-il à bord de Fleur de Sel ? Nous vous l’avions laissé entendre à demi-mots, dès lors que nous avions chamboulé notre programme en Nouvelle-Zélande, nous avons quelque peu revu nos objectifs pour ces prochains mois. Plutôt que de reprendre notre voyage à grande vitesse et d’enchaîner les longues navigations, un projet tout autre est venu s’immiscer dans notre voyage…

Convoyage et entretien

Convoyage et entretien

Le soleil est revenu sur Poverty Bay, alors que Fleur de Sel sort du port de Gisborne

Peu de temps après nous être lancés dans le Détroit de Cook, nous franchissons une grande étape. Vraiment peu de temps après, car Fleur de Sel est alors lancée à pleine vitesse, profitant au portant de la trentaine de nœuds qui balaie ce goulet naturel, sur une mer relativement plate car nous sommes quelque peu en eaux abritées, et qui plus est, un à deux nœuds de courant nous portent également vers l’est, si bien que le cocktail en devient supersonique, du moins à l’échelle de notre frêle mais vaillant esquif. Nous parlions cependant d’une grande étape, et ce n’est pas rien : nous terminons notre tour de l’Ile du Sud, puisque nous croisons notre route. C’était trois mois auparavant, et nous sortions de Wellington cap au sud. Tandis qu’après le Cap Palliser, nous ferons maintenant route au nord. Comme à tout oiseau migrateur qui se respecte, les saisons nous sont dictées et il faut respecter leur loi…

Chez Cook, Tasman & Cie

Chez Cook, Tasman & Cie

Motuara Island et le détroit de Cook, vus du Queen Charlotte Track entre Ship Cove et Resolution Bay

Lorsque nous quittons Milford Sound, par un peu moins de 45°S, c’est une longue étape côtière qui nous attend. Elle aurait pu être plus difficile qu’une traversée au large, car il y a potentiellement des pêcheurs, et le vent est influencé par les montagnes, les vagues par le talus continental. Bref, il y a des jours où ce pays est des plus inhospitaliers, d’autant qu’aucun abri ne s’offre à nous avant d’atteindre l’extrémité de l’Ile du Sud, par presque 40°S. Sur la carte, on peut repérer deux ports, Greymouth et Westport, mais ce sont des rivières dont les barres d’entrée peuvent être hasardeuses, surtout lorsque la marée, la houle et la pluie se concertent pour en faire un véritable enfer. On nous a fortement déconseillé de nous y aventurer : même des chalutiers habitués des lieux viennent s’y abîmer régulièrement, et un guide indique avec un humour quelque peu britannique que si le temps est très calme et que nous sommes à l’article de la mort, alors on peut considérer cette éventualité… Non, le seul arrêt aurait pu être à Jackson Bay, une cinquantaine de milles au nord de Milford Sound. Nous avons envisagé fortement de nous y arrêter, pour découvrir – ne serait-ce-que quelques heures – un endroit hors du commun : terminus de la route qui descend la côte ouest, petit port de pêche, avec parait-il un snack qui fait de bons casse-croûtes.

Sous le soleil du Fiordland

Sous le soleil du Fiordland

Lever du jour sur le Mt Pembroke. Après 3 semaines de Fiordland, Fleur de Sel approche du mythique Milford Sound.

Au lever du jour, nous passons déjà les Iles Solander, et c’est bon signe : nous sommes arrivés hors d’atteinte du courant, qui ne nous renverra pas dans le Détroit de Foveaux. Le vent faiblit ensuite, nous abandonnant aux effets de la grande houle, mais cet épisode ne dure pas, et dès la mi-journée le vent reprend. Ainsi, en milieu d’après-midi nous approchons, à pleine vitesse et sous un ciel maintenant limpide, de la fameuse Puysegur Point. Un cap comme il en existe tant d’autres sur la côte du Fiordland, battu sans pitié par les vagues. Seulement celui-ci est surmonté d’un phare et d’une station météo, si bien qu’il est devenu mythique à nos yeux, à force d’entendre les relevés de vent. Trente invariablement, quarante souvent, cinquante parfois, on ne lésine pas sur les nœuds dans ce coin, que l’on imagine encore pire à la mauvaise saison. Alors lorsque Fleur de Sel s’engouffre dans l’étroit passage Otago Retreat, entre la pointe et Coal Island, on est non seulement heureux de regagner l’eau plate après l’épreuve du South West Cape, mais on pousse en plus un ouf de soulagement, après avoir terminé l’étape la moins évidente de notre navigation néo-zélandaise.

Balades et rencontres dans l’extrême sud

Balades et rencontres dans l’extrême sud

Du sommet du Bald Cone, Brett surplombe Port Pegasus

En Nouvelle-Zélande, il n’y a guère plus au sud où nous puissions aller qu’à Port Pegasus, puisque c’est quasiment la baie la plus au sud de Stewart Island (à l’exception d’une ou deux criques très exposées à l’extérieur). C’est du moins ce que nous pensions jusqu’à notre arrivée, car un coup de vent étant prévu pour le lendemain, nous visons sagement Disappointment Cove, qui en dépit de son nom est le mouillage le mieux protégé de la zone. Or, dans l’entrée, nous croisons Polaris II, un bateau de la University of Dunedin, qui se rendait aux Snares pour y faire de multiples missions de recherche, allant de l’océanographie à l’étude des lions de mer en passant par celle des oiseaux. Les Snares sont des îles situées encore 65 milles plus au sud-ouest, et il s’agit apparemment d’un repaire de vie marine incroyable. L’idée d’y faire une visite serait tentante, mais il s’agit d’un endroit très exposé, et dont on ne connait rien concernant d’éventuels mouillages.

Au bout des Vava’u

Au bout des Vava’u

Neiafu a beau être la deuxième agglomération des Tonga, ce n’est guère plus qu’un gros village, et en son centre tout tourne autour du tourisme. Pour les “yachties”, qui peuvent y trouver certains services qui leur sont utiles, mais plus généralement à l’attention de tous les touristes, qui viennent surtout ici pour voir les baleines. Mais mis à part ces tours-opérators qui auraient pu être les mêmes qu’au Brésil, qu’en Mer Rouge ou qu’à Hawaï, il n’y a pas grand chose d’autre que des maisonnettes plutôt rafistolées. Peu de choses nous retiennent donc en ville une fois qu’on a fait quelques courses de première nécessité, passé une dernière soirée avec nos amis de Taurus et lu nos emails. Nous ne pourrons pas aller très loin, puisque les Vava’u sont un groupe d’îles très compact ! Mais fidèles à nous-même, nous voici en route pour le bout du monde. Enfin, le bout des Vava’u…

La belle au volcan dormant

La belle au volcan dormant

La visite de Savai’i commence paradoxalement sur l’autre île des Samoa, ‘Upolu. Il faut d’abord demander – et obtenir – l’autorisation de se rendre à Savai’i, et cela se fait au bureau du premier ministre, rien de moins. Armés de nos passeports et de nos documents, nous nous rendons donc au bâtiment du gouvernement, qui domine le front de mer de sa silhouette gigantesque – à l’échelle des bâtiments d’Apia. Nous montons au 5ème étage, en suivant les instructions données à la marina. La personne que nous cherchons n’est pas là, mais on nous demande de revenir deux heures plus tard. A l’heure dite, nous sommes accueillis par la secrétaire du premier ministre, qui après avoir pris nos noms, numéros de passeport, etc., tapote sur son ordinateur et nous délivre le sésame. Le tout avec le sourire et en nous disant que Savai’i est bien mieux qu’Upolu – évidemment c’est de là-bas qu’elle vient ! Le permis est en fait une lettre d’introduction à qui de droit, et en plus de mentionner que nous avons l’autorisation de nous rendre à Savai’i, elle demande aux habitants de Savai’i de tout faire pour rendre notre séjour plus facile et plus agréable ! Tout se présente donc pour le mieux !

Go West !

Go West !

L’alizé soufflait fraîchement au moment où l’on a quitté Maupiti. Aussi, pendant les deux premiers jours, la paisible navigation tropicale sous les latitudes clémentes ressemble plutôt à une partie de flipper. Même au portant, vu comme la mer est courte et parfois désordonnée, il est téméraire de vouloir garder les panneaux ouverts. Aux mouvements quelque peu chaotiques, il faut donc ajouter la chaleur que le soleil ne manque pas d’entretenir dès son lever et jusque bien après son coucher. Faire la cuisine relève de l’exploit acrobatique, mais on parvient tout de même à s’alimenter. De toutes les manières, dans ces conditions, Heidi ne peut avaler que quelque chose de simple. On nous croirait masochistes à nous voir nous précipiter hors d’un lagon parfaitement protégé pour aller nous jeter dans 20 à 25 nœuds de vent. Mais voilà, nous finirons par toucher les dividendes de ce moment un peu inconfortable.

Tahiti – Mo‘orea … et retour

Tahiti – Mo‘orea … et retour

Un grand plaisir que cette traversée. Du largue, tout du long, pas un grain, pas trop de vagues, c’était très agréable. Fleur de Sel a tellement tracé – particulièrement sur le début du parcours, où elle a avancé de 78 milles en 12 heures, et même plus de 21 milles en 3 heures – qu’on s’est retrouvé un peu en avance à Tahiti, après une quarantaine d’heures de mer. C’est donc dans à la lueur de la Lune qu’on a deviné dans la nuit la masse de l’île, non pas noire mais blanche, enveloppée de nuages tandis qu’il faisait beau par ailleurs. Nous avons donc poursuivi un peu au sud de la Presqu’île pour empanner à l’aube, le tout afin d’arriver au niveau du récif après le lever du soleil. Heureusement la passe de Vaiau est bien balisée car la houle brise avec violence et forme des rouleaux impressionnants. C’est un spectacle grandiose et malgré les vagues qui déferlent de part et d’autre, nous nous faufilons en sécurité au travers de cette entaille qui mène vers deux bassins profonds et bien protégés.

A contre-sens

A contre-sens

C’était un peu présomptueux de vouloir partir à peine à l’eau. Fleur de Sel a retrouvé son élément le vendredi 10 février dans la matinée. Il restait bien évidemment pas mal de choses à faire, petites et moins petites. Nous avions essayé de terminer le maximum auparavant, du moins dans le temps que nous avions entre les couches de peinture. Mais plusieurs choses n’étaient faisables qu’à flot, notamment installer la nouvelle girouette en tête de mât. C’eût été trop risqué à terre. Et puis regréer, les trois voiles, la bôme, tous les cordages qu’on avait rangés pour minimiser la prise au vent en cas de cyclone. Pourtant, Fleur de Sel était prête en soirée, et ce au prix d’un bon coup de soleil, attrapé on ne sait comment entre les averses.

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