Lorsque nous quittons Milford Sound, par un peu moins de 45°S, c’est une longue étape côtière qui nous attend. Elle aurait pu être plus difficile qu’une traversée au large, car il y a potentiellement des pêcheurs, et le vent est influencé par les montagnes, les vagues par le talus continental. Bref, il y a des jours où ce pays est des plus inhospitaliers, d’autant qu’aucun abri ne s’offre à nous avant d’atteindre l’extrémité de l’Ile du Sud, par presque 40°S. Sur la carte, on peut repérer deux ports, Greymouth et Westport, mais ce sont des rivières dont les barres d’entrée peuvent être hasardeuses, surtout lorsque la marée, la houle et la pluie se concertent pour en faire un véritable enfer. On nous a fortement déconseillé de nous y aventurer : même des chalutiers habitués des lieux viennent s’y abîmer régulièrement, et un guide indique avec un humour quelque peu britannique que si le temps est très calme et que nous sommes à l’article de la mort, alors on peut considérer cette éventualité… Non, le seul arrêt aurait pu être à Jackson Bay, une cinquantaine de milles au nord de Milford Sound. Nous avons envisagé fortement de nous y arrêter, pour découvrir – ne serait-ce-que quelques heures – un endroit hors du commun : terminus de la route qui descend la côte ouest, petit port de pêche, avec parait-il un snack qui fait de bons casse-croûtes.