Préparer sa croisière en Norvège
En ce début de printemps, plusieurs bateaux se préparent certainement à migrer vers le nord, tout comme nous l’avons fait l’année passée. Seulement, parmi ceux-là il n’y aura que peu de francophones. La Norvège est une destination méconnue, visitée le plus souvent par la route et pourtant si fabuleuse pour la navigation. Les plaisanciers scandinaves, allemands et néerlandais ne s’y trompent pas, et ils reviennent année après année. Nous vous proposons donc quelques renseignements utiles sur cette page, afin de vous aider à sortir des sentiers battus.
Attention, cette page n’est que le fruit de notre propre expérience, et n’a donc aucune valeur officielle. Nous ne pouvons être tenus pour responsables de quoi que ce soit au sujet des informations qui y sont proposées.
Généralités
Données Clés sur la Norvège
Drapeau : Croix scandinave blanche et bleue sur fond rouge
Superficie : 385’252 km²
Population : 4,86 M hab. (12,5 hab. / km²)
Capitale : Oslo (586’860 hab.)
Villes principales : Bergen (256’580 hab.), Trondheim (170’936 hab.)
Monnaie : Couronne Norvégienne (NOK)
Produit intérieur brut (PIB) : USD 452 milliards (USD 94’386 / hab.)
Fuseau horaire : UTC+1 (UTC+2 en été)
Point culminant : Galdhøpiggen (2’469 m)
Longueur du littoral : 83’281 km (y.c. les îles)
Nombre d’îles : plus de 50’000 ! (dont 5 figurent dans notre livre, Le tour du monde en 80 îles)
Histoire
325 av. JC : voyage maritime du Grec Pytheas, le premier à mentionner la terre nordique “Thule”
vers 600 ap. JC : les peuples germaniques occupant le sud de la Norvège actuelle apprennent la navigation
793 : pillage de Lindisfarne (Angleterre) par des pirates nordiques, marquant le début de l’Age Viking
872 : première unification des petits royaumes norvégiens par le roi Harald Hårfagre
982 : Erik le Rouge, fils d’un Norvégien exilé en Islande, fonde deux colonies au Groenland. Son fils Leif Eriksson découvrira le Vinland (Terre-Neuve) 20 ans plus tard
995-1000 : Olav Tryggvason impose le christianisme en Norvège et fonde Trondheim
1030 : La mort du roi “Saint” Olaf Haraldsson à la bataille de Stiklestad en fait un martyr, le saint patron du pays et achève la conversion de la Norvège au christianisme
1066 : Le roi Harald Hardrada meurt lors d’une invasion manquée de l’Angleterre, à Stamford Bridge, ce qui clôt la période Viking
1152 : Nidaros (Trondheim aujourd’hui) est élevée au rang d’archevêché
1265 : Apogée de la puissance médiévale norvégienne après l’annexion de l’Islande
1397 : La Norvège, sa puissance anéantie par la Peste Noire, se trouve associée au Danemark et à la Suède au sein d’une union personnelle, l’Union de Kalmar
1521 : La Suède s’étant rebellée, la Norvège reste seule dépendance du Danemark, une période surnommée la “nuit de 400 ans”, car toutes les décisions étaient prises à Copenhague
1814 : Battu par le Royaume-Uni et la Suède, le Danemark doit céder la Norvège à cette dernière. Les anciennes colonies norvégiennes restent danoises et la Norvège obtient le droit de rester un royaume distinct avec une constitution démocratique
1905 : La Suède reconnait pacifiquement l’indépendance norvégienne, qui fait suite à une prise de conscience nationale pendant le XIX° siècle
1940-1945 : Bien qu’ayant déclaré sa neutralité, la Norvège est envahie par les Nazis, en quête de minerai de fer et de ports sur la Mer du Nord
1970 : La découverte de pétrole et de gaz naturel en Mer du Nord finance un décollage sans précédent de l’économie norvégienne
Langues
Le norvégien est une langue scandinave, d’origine germanique, proche du danois et du suédois au point que Norvégiens, Danois et Suédois se comprennent. Vous verrez vite que les différences existent mais sont minimes en lisant les emballages multilingues des produits achetés sur place.
Sachez d’ailleurs pour votre culture que le Norvégien existe sous deux formes à l’écrit, le bokmål (ou norvégien classique) et le nynorsk (ou néo-norvégien). Le nynorsk est essentiellement cantonné dans le sud-ouest du pays, tandis que le premier est de loin le plus répandu, tout autant dans l’est que dans le nord. Cependant, pour le non-initié, on ne perçoit pas vraiment la différence, d’autant plus qu’à l’oral les gens parlent leur dialecte local avec les multiples nuances que cela comporte.
Cependant, vous n’apprendrez pas cette langue en quelques jours, même si vous parlez anglais ou allemand. Il faudra donc se contenter des rudiments, par exemple les chiffres et quelques termes clés. Le guide nautique Norway en propose une sélection adaptée à la croisière.
Cela dit, tous les Norvégiens parlent très bien anglais, même ceux qui vous disent mal le parler. Certains parlent aussi allemand, surtout les plus âgés, mais cela est moins courant. En revanche, le français est peu répandu, et il faudra donc généralement communiquer en anglais.
Environnement
Faune
Certaines zones du littoral sont très riches en oiseaux, mais soit en raison de la saison tardive de notre visite, soit parce que nous avions vu l’Ecosse auparavant, ils nous ont semblés peu nombreux dans l’ensemble. Cela dit, à Runde par exemple, on trouve une colonie gigantesque de volatiles marins, et notamment de guillemots, de macareux, de fous de Bassan. A Lovund ce sont également les macareux…
La pêche est historiquement le nerf de la guerre en Norvège, ce qui traduit la richesse de ces eaux. Cependant, nous n’avons réussi à pêcher que peu, car la pêche au cabillaud ne se fait pas à la traîne. De plus, nous n’avons pas rencontré de mammifères marins, que de telles concentrations de poisson pourraient attirer. Ici encore, sans doute une histoire de saison.
Flore
La végétation norvégienne subit une triple influence du point du vue du navigateur. D’une part, lorsque la latitude augmente on constate que les espèces méridionales ont tendance à s’effacer pour laisser la place à des arbres qui résistent mieux au froid. En second lieu, avec l’altitude, les plantes changent, si bien que les littoraux élevés montreront un dégradé rapide pour rapidement n’être plus que de la lande en altitude. Enfin, en s’enfonçant dans les terres, on s’éloigne des vents violents qui peuvent souffler l’hiver, et les fjords et deuxième ou troisième rideau seront bien plus propices aux grands arbres que les îles extérieures qui offriront souvent une illusion de désolation, avec seulement quelques arbustes et petites fleurs. Cette différence est particulièrement visible entre Bergen et Statt où l’intérieur offre une navigation au milieu d’une forêt de feuillus, tandis que l’extérieur n’est parfois qu’un amas de roches nues.
Transports
Liaisons aériennes
Plusieurs villes de la côte sont desservies par des aéroports en nombre, Oslo, Stavanger, Bergen, Trondheim, Bodø et Tromsø notamment. SAS assure des vols intérieurs au départ d’Oslo vers ces villes, ainsi que vers d’autres destinations plus confidentielles. Mais certaines de ces villes ont également des liaisons internationales, en particulier au départ de Copenhague et de Stockholm.
Liaisons maritimes
Les communications par voie de mer passent pour être aussi importantes sinon plus que par voie terrestre (voir aussi la rubrique Traffic Maritime). Vous pourrez ainsi utiliser le Hurtigruten pour aller de port en port le long de la côte, les nombreux services de catamarans rapides à portée régionale pour rejoindre certains points plus isolés au départ de ports plus importants, et enfin les ferries pour traverser d’un côté à l’autre d’un fjord, mais alors vous serez plus probablement en voiture qu’en voilier !
Liaisons terrestres
Il existe certainement des bus et des trains pour se déplacer dans l’intérieur du pays, du moins dans la moitié sud, mais nous ne nous en sommes pas servis. Le service ferroviaire dessert même Narvik, mais par la Suède et non pas par la Norvège, trop montagneuse.
Formalités
Douane & Immigration
L’entrée des citoyens européens et des personnes en provenance de l’Union Européenne se fait sans problème, car la Norvège fait partie de l’espace Schengen. Pour des citoyens d’autres pays, il faut certainement un visa adéquat et il vaut mieux se renseigner suffisamment longtemps à l’avance. Cependant, dans tous les cas, il faut se rendre à la douane dans le premier port d’entrée visité, afin de se faire délivrer un laisser-passer qu’il faudra conserver avec vous durant tout le voyage. La préoccupation première des officiers de douane est alors de savoir si vous transportez plus d’alcool qu’autorisé ou pas, à savoir 2 ou 3 bouteilles par personne au maximum. Pour le reste, aucun souci, la tradition des formalités minimales est vraiment très agréable !
Pavillon de courtoisie
Les Norvégiens sont extrêmement sensibles aux pavillons. Tous leurs bateaux, où que ce soit dans leurs eaux, arborent fièrement un pavillon souvent surdimensionné à nos yeux. Les maisons ont souvent un poteau dans leur jardin, où flotte la flamme aux couleurs nationales. Il est donc de la plus haute importance de respecter cet attachement à leur pavillon en faisant flotter sur tribord un pavillon de courtoisie de taille suffisante (le nôtre était un peu petit…) De même, veillez à ce que votre pavillon national flotte bien. Il parait qu’il faut même affaler les couleurs la nuit, mais nous n’avons pas constaté que ce point était respecté, même par les Norvégiens. Voir notre page sur les pavillons de courtoisie.
Préparation
Bateau & Equipement
Prévoir une croisière en Norvège relève presque de l’expédition, rien qu’en raison du temps qu’il faut pour rejoindre la Scandinavie. En tous les cas, si l’on est habitué à naviguer dans des eaux plus méridionales (et il y a difficilement plus nordique !), il faut une bonne préparation logistique.
Tout comme lorsque l’on navigue dans d’autres contrées septentrionales, il faut avoir bien préparé ses apparaux de mouillage, et disposer de suffisamment d’ancres et de chaîne, car la Norvège sauvage se découvre au mouillage. On remarquera vite que les bateaux scandinaves disposent tous d’une ancre à poste à l’arrière, souvent attachée à un rouleau de sangle, et prête à être larguée, afin de pouvoir mouiller par l’arrière et s’amarrer par l’avant à un rocher. C’est leur technique de mouillage favorite et elle demande un équipement approprié. Cela dit, avec une ancre classique on pourra tout à fait mouiller sans souci dans la plupart des cas, peut-être un peu plus loin du rivage lorsque le mouillage n’est pas trop étroit.
Un autre point sur lequel il faut insister, l’équipement radio, notamment dans le but de pouvoir recevoir les prévisions météo. La VHF est évidemment indispensable, mais si vous en avez la possibilité, équipez-vous d’une VHF récente avec ASN, ce qui apporte une sécurité supplémentaire. Deux compléments sont relativement importants à notre sens. Tout d’abord un petit récepteur classique toutes fréquences, pour pouvoir capter la BLU et la démoduler sur un ordinateur portable. Evidemment, si vous avez un émetteur-récepteur et/ou un fax météo, c’est encore mieux… Enfin, le Navtex, qui fonctionne de manière autonome, sans que vous ayez besoin d’être derrière. Les détails pour l’obtention des prévisions sont donnés au chapitre Météo.
Pour terminer, il nous faut encore vous recommander de disposer d’un système de chauffage du bateau. Bien-sûr on peut faire sans, et on n’en vient pas à naviguer dans les glaces. Néanmoins, le temps est souvent frais, et surtout selon la latitude et la saison de votre navigation, l’eau peut être très froide et finit très vite par refroidir l’intérieur du bateau. En plus de notre poêle à gazole, nous avions prévu un petit chauffage céramique qui s’est avéré très utile pour limiter la consommation de combustible lorsque l’on est à quai. On peut également prévoir des plaques de cuisson électrique pour économiser le gaz de la même manière.
Vêtements & équipements personnels
Ne s’agissant pas d’une expédition extrême, il n’y a pas d’équipement réellement spécialisé à emporter. Cependant, compte-tenu du climat parfois frais, il faut prévoir plus de vêtements thermiques que lors de vos navigations atlantiques habituelles, et un peu plus chauds. Si vous allez au Svalbard, c’est une autre affaire… Mais nous ne l’avons pas fait, et vous en savez alors probablement plus que nous !
Pendant que vous y êtes, pensez à vérifier vos gilets de sauvetage. Si possible équipez-vous de gilets gonflables, car on les porte plus souvent sans gêne. Si vous en avez déjà, vérifiez la date de validité de la valve, et remplacez-la si besoin.
Période & Climat
Certains naviguent en Norvège toute l’année, mais il est inutile de préciser que la meilleure saison est l’été ! Le temps est parfois frais et humide lorsqu’une dépression vient à passer, mais le climat lors de la saison estivale est souvent bien établi, et bénéficie de la chaleur continentale. L’autre avantage de naviguer l’été, c’est la longueur des journées ! Entre fin mai et fin juillet, et selon la latitude, il fait jour quasiment tout le temps. C’est très pratique pour faire de longues navigations, pour entrer dans un mouillage tard, ou pour s’assurer que l’ancre ne chasse pas. Il faut cependant noter que la saison commence tôt et finit tôt. Autant juin est un mois bien navigable, autant août sent déjà la fin de l’été.
Les températures sont souvent plus fraîches que celles auxquelles nous sommes habitués, mais les canicules ne sont pas inconnues. Le vent de sud-est, particulièrement, apporte de la chaleur continentale renforcée par effet de foehn. Certaines zones, comme la côte ouest près de Bergen ainsi que les Lofoten sont réputées pour leur temps pluvieux. Prévoir un habillement convenable, avec sous-vêtements thermiques, et si vous disposez d’un chauffage à bord, ce sera très utile, pour vous réchauffer certes, mais aussi pour sécher le carré !
Cartes
La côte de Norvège est couverte dans le détail par l’office hydrographique norvégien, le Statens Kartverk Sjø. D’autres cartes spécifiquement conçues pour la plaisance existent (Båtsportkort), mais seulement pour la moitié sud du pays, d’Oslo à Trondheim. Pour le reste, il faut de toute manière les cartes de détail grand-format. Saluons tout d’abord la qualité de ces cartes, qui sont remarquablement précises pour une côte on ne peut plus complexe. Toutes n’ont pas encore été rajeunies aux normes internationales, et en plus du look vieillot elles sont surtout sur un autre géoïde que le WGS84, donc attention avec le GPS ! Mais les plus récentes sont de vrais bijoux de cartographie, en plus d’être remarquablement exactes et colorées.
Les cartes au 1:50 000ème sont celles qu’il vous faut, car si les cartes moins détaillées permettent la vision globale pour prévoir sa route dans les divers fjords, mais elles ne sont pas suffisamment détaillées pour pouvoir naviguer avec. La côte est couverte par 125 cartes environ, ce qui n’est pas une mince affaire au niveau budget… Le mieux serait sans doute de s’arranger pour les emprunter à quelqu’un qui les a déjà !
Enfin, notez bien l’adresse du Kystverket. Vous y trouverez toutes les cartes de Norvège, marines (ENC), topographiques et d’autres encore. Mais bien-entendu, c’est en Norvégien uniquement, et il ne vous sera pas possible de sauvegarder les cartes en grandeur nature sur votre ordinateur, à moins d’y passer beaucoup de temps. Cependant, c’est une source d’informations très précieuse lorsque l’on a accès à Internet.
Documents nautiques
On pourrait faire une croisière dans la région avec peu de documents, mais cela serait en tout cas dommage, et parfois dangereux.
Almanachs
Il existe certainement un almanach avec les horaires de marées, mais ce que nous avons trouvé de plus simple est de les télécharger sur Internet, où le service hydrographique norvégien met gratuitement à disposition les horaires prévisions et les observations de marées pour chaque port. Etant donné que les marées sont faibles dans le sud, on peut presque faire l’impasse dessus, tandis qu’au nord il vaut mieux avoir de quoi faire ses calculs.
Il n’existe pas de cartes de courants à proprement parler, puisque ceux-ci sont faibles la plupart du temps, et irréguliers lorsqu’ils ne le sont pas ! Il faut donc se fier aux quelques indications que vous trouverez ici ou là, sachant que même l’avis des locaux peut s’avérer inexact… Les feux sont mieux repérables sur les cartes que dans un livre des feux. Enfin, les horaires des bulletins météo, et les instructions sur les ports et mouillages se trouvent dans les guides nautiques.
Guides nautiques
Etant donné la complexité de la côte, il est quasiment obligatoire d’avoir au moins un guide nautique comme outil de référence, ne serait-ce-que parce que certaines informations que l’on trouve classiquement dans un almanach y sont reprises (voir paragraphe ci-dessus). Mais cela permet aussi souvent de sortir un peu des sentiers battus concernant les mouillages forains, et d’avoir une idée des services disponibles dans les ports et marinas, même si ce n’est pas toujours exact. Tout d’abord, il existe certainement tout plein de guides en norvégien, mais pour des raisons de polyglottisme limité, nous n’avons pas investi dedans. Pourtant, on nous a malgré tout recommandé celui du NRSS, les sauveteurs en mer, qui est fourni gratuitement lorsque l’on devient membre de leur association, et qui est parait-il très précis. Mais en norvégien seulement, malheureusement.
Il n’existe rien en français (d’où cette page), et il faut donc faire avec ce qui existe en anglais. Jusqu’en 2007, il n’y avait qu’un choix, le Norwegian Cruising Guide de John Armitage et Mark Brackenbury, publié dans le milieu des années 90, et qui a été repris plus récemment par Phyllis Nickel et John Harries, soit au format eBook (PDF), soit depuis 2010 au format papier.
Depuis 2007 il existe une alternative, avec le guide simplement intitulé Norway de Judy Lomax et publié chez Imray (voir ci-contre également). Le premier donne plus d’informations sur la navigation elle-même, les jolis endroits à ne pas manquer, quel fjord prendre lorsqu’il existe 2 ou 3 possibilités, etc. Le deuxième est peut-être plus factuel, et se concentre beaucoup sur les mouillages, ports et marinas, même si le premier en recommande aussi beaucoup. Finalement, le mieux est peut-être d’avoir les deux. Mais s’il faut faire un choix entre les deux, je recommanderais peut-être d’essayer le Norwegian Cruising Guide car il est plus récent.
Enfin, il est noter que la NGA américaine publie des instructions nautiques pour la Norvège (Sailing Directions EnRoute, North and West Coasts of Norway, Pub 182). Elles sont naturellement destinées aux navires de grande taille, mais je les mentionne ici car elles sont téléchargeables gratuitement…
Navigation en Norvège
Traversée
En partant d’Europe continentale, il y a plusieurs variantes pour rejoindre la Norvège. Pour les plaisanciers de la façade atlantique, la route par l’Ecosse est sympathique, quoiqu’exigeante, et plutôt que de contourner la Grande-Bretagne par le nord pour rallier les Shetland, on peut aussi passer par le Canal Calédonien.
Ne reste plus alors qu’à traverser la Mer du Nord dans sa largeur, sur 200 milles, pour rejoindre Bergen ou Stavanger. On peut aussi traverser la Mer du Nord depuis la côte belge par exemple, mais dans toute la longueur, ou bien en remontant la côte est de l’Angleterre. La troisième possibilité est de remonter la côte hollandaise et allemande pour rallier le Danemark par le Canal de Kiel, qui permettra ensuite de rejoindre Oslo par le Kattegat et le Skaggerak. En tous les cas, la route est longue, et à moins de la faire d’une traite, on mettra plusieurs semaines.
Nous sommes passés par l’Ecosse, et pour plus de détails sur les autres possiblités, il vaut mieux se référer au site de la RCC Pilotage Foundation, qui détaille ces différentes traversées.
Météo
Obtenir la météo n’est pas un problème, du moins théoriquement. Il est cependant utile d’avoir quelques notions de norvégien, du moins en ce qui concerne les chiffres. Par ailleurs, même s’il existe plusieurs moyens pour obtenir les prévisions, on verra qu’ils ne sont pas toujours tous valables.
Bulletins VHF
C’est le bulletin classique en phonie par VHF. Après appel en anglais et en norvégien sur canal 16, ils sont diffusés par les stations radio côtières sur les working channels en norvégien. Théoriquement, on peut demander à l’avoir en anglais également, mais nous n’avons pas eu besoin d’en faire la demande. Par ailleurs, cela suppose que l’on connaisse le working channel de la zone où l’on se trouve, car il n’est pas mentionné dans l’appel. On trouve une carte avec cette information dans les guides nautiques, mais il vaut mieux avoir téléchargé la dernière version sur Internet.
Bulletins Navtex
Le deuxième moyen que nous avons utilisé pour obtenir les prévisions météo, et le plus pratique à notre sens, est le Navtex. Pour ceux qui n’en sont pas équipé, dès lors que l’on fait du semi-hauturier, cet appareil automatique coûte aujourd’hui tellement peu par rapport aux services rendus et à sa fiabilité, que c’est un investissement qu’il faut envisager.
Les bulletins reçus sur Navtex le sont en graphie, en anglais sur 518 kHz, et peuvent être lus (et relus à volonté) plus tard si besoin. On peut les recevoir jusqu’à plusieurs centaines de milles des émetteurs, mais malheureusement la réception devient vite mauvaise lorsqu’on s’aventure dans les fjords encaissés. La côte ouest de la Norvège est couverte par les émetteurs de Rogaland (L), de Trondheim (N) et de Bodø (B). A noter qu’il peut être intéressant de sélectionner également l’émetteur britannique de Cullercoats (G), qui couvre la zone ouest. Le problème est de comprendre le découpage des zones météo, qui change selon les émetteurs, car le sud de la Norvège reprend les zones « classiques » britanniques et françaises, tandis que la partie centrale est découpée en bancs de pêche, et la partie arctique est découpée encore différemment selon un damier A1, A2, etc.
Pour ce qui est du contenu, il s’agit de bulletins météo habituels, avec prévisions de vent, d’état de la mer, et de visibilité, ce pour les 24 heures à venir et une tendance ultérieure pour les 24 heures suivantes. Mais il faut mentionner que les britanniques diffusent un bulletin extrêmement utile appelé Extended Outlook et qui donne les prévisions à moyen terme, soit 3 à 5 jours, ce qui complète bien les prévisions classiques à 48 heures. La diffusion a lieu la nuit, donc n’éteignez pas votre récepteur, et ici encore il faut vérifier les noms des stations et les horaires sur les documents nautiques officiels.
Fax Météo en HF
Enfin, les bulletins météo sont utiles (et essentiels), mais ils sont parfois insuffisants. Ca a été le cas pour nous plusieurs fois, et particulièrement lorsque la réception du Navtex avait échoué. N’étant pas équipés d’un téléphone satellite, et un accès Internet public étant illusoire dans les mouillages reculés, le salut est venu de la BLU. Pas besoin d’un émetteur-récepteur : avec une bonne antenne, un simple poste récepteur et un ordinateur portable, on peut démoduler les fax émis à horaires fixes par les stations du DWD (Hambourg-Pinneberg) et du FWOC (Northwood). Dans notre cas, la plupart du temps, la réception de la station allemande était meilleure que celle de la station anglaise, quoique cette dernière émet plus de cartes et plus souvent… Pour les fréquences et les horaires, voir ici encore les documents appropriés, les télécharger au préalable sur Internet, ou à défaut les recevoir lors de l’émission par la station au moins une fois par jour.
Marées & Courants
La marée est très variable en Norvège. Dans le sud, elle est pratiquement négligeable, avec un marnage de moins d’un mètre. A partir de Bergen, l’amplitude augmente de manière sensible, encore qu’elle reste modeste jusqu’à Trondheim. Sur la partie nord du pays, en revanche, le marnage devient important.
En ce qui concerne les courants de marée, ils sont faibles si l’on est habitué à naviguer dans les eaux atlantiques, de la Manche, et autour des Iles Britanniques. Il y a bien quelques endroits où les courants prennent de la vitesse, particulièrement lorsque les fjords se rétrécissent, mais mis à part ces quelques exception, on peut naviguer sans trop en tenir compte, du moins dans la moitié sud du pays. Dans le nord, leur ampleur reste modeste, sauf dans quelques détroits, aux Lofoten et aux Vesterålen surtout, où l’on assiste à de véritables passages à niveau. Le Moskenstromen (le véritable nom du Mælstrøm) est le plus dangereux, car contrairement aux autres tapis roulants, il se trouve en mer ouverte, et peut donc être dangereux si la houle ou le vent sont contraires.
Skjærgård et passages délicats
La quasi entièreté du littoral norvégien est protégé par un rempart d’îles, d’îlots ou de roches, et ce de à partir de la latitude de Stavanger (environ 59°N) jusqu’au Cap Nord. Cette barrière protectrice permet de naviguer à l’abri des éléments. Bien entendu, il faut faire avec les caprices des fjords, qui imposent un vent dans l’axe lorsque le relief est élevé, mais en contrepartie, l’eau est plate ou tout au plus agitée d’un clapot peu dangereux, et on ne ressent que rarement les effets de la houle, lorsqu’on passe à l’ouvert d’un passage conséquent et encore.
Note : Le dédale stupéfiant du skjærgård est illustré dans une belle double page de notre livre, Le tour du monde en 80 îles.
Il y a cependant quelques exceptions, dont deux méritent d’être particulièrement étudiées.
- Statt, que l’on dénomme parfois aussi Stad ou Stattlandet, est une longue péninsule qui s’avance en mer à l’endroit où la côte ouest s’incurve vers le nord-est, entre Bergen et Ålesund. Il s’agit d’un véritable cap, qui perturbe les courants de marée ainsi que le vent, et crée son propre mauvais temps, tandis que des conditions nettement plus maniables peuvent être rencontrées de part et d’autre. Un passage à ne pas prendre à la légère ; d’ailleurs les sauveteurs en mer norvégiens organisent même des escortes de convois pour les plaisanciers, afin qu’ils puissent franchir ce passage dans les meilleures conditions de sécurité. Cela dit, ce n’est pas pire qu’un raz de la côte atlantique ou qu’un cap majeur en Méditerranée.
- Hustadvika, qui se trouve entre Ålesund et Kristiansund, est un passage de la côte où le rempart extérieur est très ténu et alambiqué. La route normale passe donc au large, mais la configuration du plateau continental fait que la mer peut y être particulièrement mauvaise sur les 50 milles de large qui séparent la côte du talus. L’alternative est d’emprunter le passage à terre, qui se pratique bien si le vent est modéré et la visibilité bonne, mais il s’agit tout de même d’un enchaînement assez impressionnant de perches à suivre attentivement sur la carte, avec vingtaine de virages à effectuer sans se tromper dans la séquence. Encore une fois, un passage qu’il ne faut emprunter qu’avec une météo convenable, donc.
A titre d’aide, j’inclus ici la route GPS que nous avons utilisée (au format GPX), si cela peut vous aider. Cependant, je ne peux que vous inciter à la vérifier avant utilisation, comme toujours avec des waypoints.
Feux & Balisage
La Norvège, comme le reste de l’Europe, appartient à la zone A de balisage IALA. Le chenalage se fait donc en laissant à bâbord les marques cylindriques paires et rouges, et à tribord les marques coniques impaires et vertes. En règle générale, le sens du chenal va du large vers le port, mais les fjords étant souvent aussi parallèles à la côte et relativement complexes, il faut vérifier sur les cartes, où le sens est bien indiqué grâce aux symboles ci-contre. Dans ce cas, d’une manière générale, le sens du balisage va de la pointe sud de Norvège vers le nord, mais il peut y avoir des exceptions.
Cela dit, le balisage est plutôt différent de celui auquel on est habitué, notamment en raison de la topographie très accidentée, mais aussi pour des raisons historiques. Dans les chenaux peu profonds, on pourra éventuellement voir des bouées latérales, mais elles sont souvent tubulaires, sans marque supérieure conique ou cylindrique, et leur finesse les rend souvent peu visibles de loin. De plus, la profondeur souvent rapidement importante fait que les marques cardinales sont encore plus rares.
Le plus inhabituel, c’est qu’il y a d’autres marques que le balisage standard. Les varde et båke sont le plus ancien système de balisage encore utilisé dans le monde. Il s’agit en fait simplement d’amers, mais généralement bien situés pour aider à passer un chenal en particulier. De plus, elles peuvent avoir un voyant supérieur qui pointe le côté duquel il faut passer, mais ce n’est pas toujours le cas. Les varde sont en maçonnerie, généralement peintes en blanc et noir, tandis que les båke sont en bois, ou en treillis métallique pour les plus récentes. Elles peuvent être illuminées. Sur les cartes norvégiennes, elles figurent avec un symbole spécifique, une étoile à 4 branches, avec un V ou un B selon le cas. Attention, sur les cartes étrangères, qui ne connaissent pas ce type de marque, et c’est notamment le cas sur les cartes électroniques de Garmin, ces marques ne figurent parfois pas (!), ou bien sont indiquées comme une simple roche, ou bien encore sont indiquées par un point avec la mention cairn. Ce n’est pas très pratique…
Habituellement, les roches dangereuses seront marquées par une perche, pas toujours verticale, et la plupart du temps sans voyant supérieur. Elles sont le plus souvent à considérer comme un danger isolé. Dans d’autres cas, il existe un voyant supérieur, mais différent de ceux que l’on connait. Il s’agit d’un voyant rectangulaire qui pointe également du côté du piquet où il faut passer. Parfois ce voyant est coloré en rouge ou vert, le plus souvent lorsqu’il y a plusieurs perches proches les unes des autres, afin de faciliter l’enchaînement. Ces perches jouent le même rôle que les varde et båke, mais à un niveau plus local. Attention, elles sont souvent peu visibles, et il faut les repérer aux jumelles. De plus, les cartes (même norvégiennes) n’indiquent pas non plus s’il s’agit de marques bâbord ou tribord. C’est à découvrir sur place…
Enfin, vous remarquerez assez vite sur les cartes norvégiennes la pléthore de feux. Si certaines marques ci-dessus sont illuminées, les chenaux navigables sont surtout balisés par une myriade de feux à secteur, qui ont souvent tous la même apparence : petits, blancs, avec un chapeau orangé. Si le skjærgård, et plus particulièrement le chenal principal, reste navigable l’hiver, c’est grâce à eux. En navigant l’été, en revanche, on a peu de chance de s’en servir, vu la durée des journées.
Sécurité & Sauvetage
La veille radio est assurée en MF et VHF par plusieurs stations côtières, qui jalonnent le littoral et jouent le rôle de garde-côte. Du sud vers le nord, on passera successivement dans les zones de Tjøme Radio, Rogaland Radio, Florø Radio, Bodø Radio et Vardø Radio. Il est important de diposer de la dernière version des cartes, téléchargeable sur Internet, indiquant les working channels (canaux de travail) de chacun de leurs émetteurs VHF et MF. Ces stations coordonnent les secours éventuels, qui sont le plus souvent effectués par des canots de sauvetage blancs et rouges de la Norges Redningselskapet (NRSS), qui à l’instar de la SNSM française est une association de bénévoles. On croisera également dans les chenaux principaux des patrouilleurs de la marine norvégienne avec mention Kystvakt sur la coque.
Trafic Maritime
Les bancs de la côte de Norvège, et plus encore le Vestfjord que le reste, sont le lieu d’une intense activité de pêche lors de la saison hivernale, en raison de la pêche au cabillaud. En été en revanche, les bateaux de pêche sont bien moins nombreux, et l’activité professionnelle toute entière est au ralenti. En revanche, on croisera de très nombreuses petites embarcations de loisirs où les Norvégiens pêchent le cabillaud et d’autres poissons pour leur plaisir. Il faut donc être particulièrement vigilant, surtout proche de roches isolées dans le courant.
Mais c’est surtout concernant le trafic maritime commercial que la veille est essentielle, et particulièrement si l’on navigue dans ou proche du chenal principal du skjærgård. Celui-ci, qui parcourt toute la côte, est le lieu d’une intense circulation : la Norvège ayant une topographie difficile, une part importante du frêt est transporté par voie de mer, plus que par voie de terre. On ne s’étonnera donc pas de croiser des petits caboteurs, voire des cargos de taille respectable dans des chenaux parfois étroits, et dans des paysages si somptueux qu’on peinerait à s’imaginer qu’ils sont parcourus par des navires de cette taille. Si l’on ajoute à cela le fait que les installations pétrolières en Mer du Nord nécessitent d’importants moyens maritimes, il faudra alors veiller aux tankers, remorqueurs et autres barges de taille gigantesques qui peuvent être amenés à circuler de ou vers les ports (même les plus petits) de la façade ouest vers le large.
Enfin, le trafic de passagers est également très important. D’une part on croisera les très nombreux ferries qui desservent les îles, et dont le parcours est le plus souvent marqué sur les cartes. Attention à ne pas les déranger, ils ont un horaire à respecter et constituent le cordon ombilical des îles qui ne sont pas encore reliées par la route au continent. On verra d’ailleurs souvent d’importantes files de voiture attendre l’arrivée du bac sur le quai d’embarquement. D’autre part, il y a tous les bateaux qui montent et descendent le skjærgård, dont le plus connu est évidemment le Hurtigruten, ou Express Côtier. Il effectue le parcours aller-retour de Bergen à Kirkenes en 11 jours, à raison d’un bateau par jour dans chaque sens en empruntant un itinéraire fixe qui passe principalement par le chenal principal. Dans certains endroits il peut donc être pratique de savoir à quel moment s’attendre à le croiser ou à le voir arriver sur son arrière, car les chenaux peuvent être étroits, et le croisement provoque alors une petite décharge d’adrénaline ! Mais il y a d’autres bateaux de passagers, souvent sous forme de catamarans rapides, dont le passage éclair est bien plus impressionnant encore, et qui effectuent des liaisons au niveau régional. Il peut être utile d’avoir téléchargé leurs horaires, afin de pouvoir les utiliser, notamment pour se rendre à Trondheim, qui est située au fond d’un long fjord. La visite en catamaran au départ de Brekstad par exemple permet d’éviter un long détour à la voile. Cela dit, les tarifs ne sont pas toujours donnés…
Mouillages Forains
L’attrait de la Norvège réside notamment dans ses paysages grandioses, et il n’est pas de manière plus agréable d’en profiter qu’au mouillage. C’est ainsi qu’on passera quelques nuits dans de minuscules archipels de roches dénudées et basses, ou bien au fond de fjords encaissés surplombés de falaises tombant à-pic, ou bien encore entouré de quelques maisonnettes de bois peintes en rouge et délicieusement perdues dans les arbres. Bien évidemment, on peut en découvrir autant qu’on le souhaite, rien qu’en consultant les cartes, mais les guides aident à débroussailler le terrain quant au choix à faire, et ils sont souvent fort précis sur ce à quoi s’attendre. Il convient cependant d’être attentif à plusieurs choses. En premier lieu, ne pas sous-estimer l’effet catabatique lorsqu’on mouille sous le vent de falaises ou de montagnes. Les rafales peuvent être dangereuses. En second lieu, de nombreux mouillages sont pratiqués par les norvégiens en mouillant par l’arrière et en portant une amarre à terre frappée sur des anneaux ou pitons métalliques qui sont déjà disposés de manière souvent judicieuse. Cependant, ce n’est pas une obligation de les utiliser, et étant donné qu’on sera souvent seuls, on n’a pas toujours besoin de limiter le rayon d’évitage de la sorte. En effet, si le vent vient à tourner, la traction exercée sur l’ancre est alors bien supérieure à celle d’un bateau évitant normalement. Libre à vous, donc, de choisir votre manière de mouiller. Parfois on mouillera sur deux ancres, ce qui permet également de s’accommoder de mouillages étroits.
Marinas & Ports
On pourrait s’attendre à ce que la Norvège soit sauvage et complètement déserte d’infrastructures de plaisance. Ce serait oublier d’une part que les infrastructures maritimes professionnelles sont hyper-développées, et d’autre part que la mer fait partie intégrante du mode de vie norvégien. Pendant leurs vacances, les norvégiens voyagent en bateau (le plus souvent à moteur, mais parfois aussi en voilier) comme de nombreux continentaux se déplacent en camping-car ou en caravane. On trouve donc très régulièrement de petites marinas, certaines de quelques places seulement, qui permettent de s’amarrer pour la nuit, le plus souvent de manière très abritée dans un recoin du skjærgård.
Certaines de ces petites marinas sont très soigneusement entretenues, et offrent de nombreux services très pratiques, comme la mise à disposition d’un lave-linge. Dans les grandes villes, on pourra également trouver des places d’amarrage, parfois directement en centre-ville, ce qui est très pratique pour visiter, mais c’est nettement plus bruyant et agité et plus cher pour une qualité souvent moindre.
Tarifs
Le tarif de la nuit dans une petite marina est tout à fait abordable, puisqu’il se situe généralement autour de 50 NOK, et cela comprend l’eau et l’accès aux toilettes dans la plupart des cas. En revanche, l’électricité fait l’objet d’un supplément, souvent de 20 NOK environ, et les douches et lessives sont du même ordre de grandeur. Certaines marinas, en revanche, et plus particulièrement celles des grandes villes, facturent l’amarrage le double de ce prix, voire plus encore. De plus, dans les grandes villes, les sanitaires sont parfois une véritable arnaque. A Bergen, par exemple, on vous vend une carte magnétique qui donne accès aux douches et lave-linges (qu’il faut encore trouver tellement ils sont cachés), ce qui permet de la réutiliser lorsqu’on revient à Bergen. Intéressant pour les habitués, mais pour les autres ? Quant à Ålesund, l’accès aux toilettes est payant à chaque visite, et les douches durent 90 secondes… On se demande comment laisser agir le shampooing à cette vitesse-là ! Heureusement, dans l’ensemble, les marinas sont tout à fait abordables, surtout si l’on passe un bon nombre de nuits en mouillage forain, ce qui est de toutes les manières le plus agréable. Dans le nord du pays, on trouve même des quais où l’on peut accoster sans avoir à payer, à condition bien-sûr de demander la permission.
Une dernière remarque à l’attention de mes compatriotes français, qui sont souvent des as du jeu de « pas vu, pas pris ». Dans les grandes villes, comme c’est le cas sous nos latitudes, un préposé passera vérifier que le paiement a été effectué pour la nuitée (il se fait généralement avant la nuit, et non pas le lendemain). Cependant, dans les marinas de taille modeste, il n’est évidemment pas possible d’engager quelqu’un pour faire ce travail, et le fonctionnement est alors celui de l’honesty box. C’est-à-dire que l’on prend une petite enveloppe pré-imprimée dans une boite située généralement non loin du ponton, on y inscrit le nom de son bateau et la date, et on y glisse la somme due avant de la mettre dans la boite en question. On pourrait très bien ne rien payer, et sans vouloir être médisant, il me semble que c’est ce que feraient bon nombre de bateaux arborant un pavillon bleu, blanc et rouge… Mais il faut se rendre compte que le tarif est souvent loin d’être usurier, que cela permet de payer l’eau, l’électricité et les frais d’entretien des infrastructures à prix coûtant ou presque, et enfin que si personne ne paye, ces petites marinas de qualité ne pourraient pas subsister. On en serait alors réduit à utiliser les services des ports des grandes villes, qui sont souvent bien moins agréables, moins pratiques et plus chers. A bon entendeur…
Communications
La couverture des réseaux mobiles norvégiens est tout simplement impressionnante. Où qu’on aille le long du littoral, on capte toujours de manière excellente, si bien que le téléphone portable est un moyen de communication relativement fiable, même lorsque l’on navigue. Dans les mouillages forains reculés, on pourra également être joignable sans problème. Il est également souvent possible de trouver une connexion Internet gratuite par WiFi lorsqu’on se trouve dans des villes de taille suffisante. En revanche, dans les petits mouillages ou les petites marinas isolées, il n’y a pas moyen de se connecter.
Electricité
La plupart des petites marinas proposent l’électricité à quai, et elle est de plus en plus utilisée par les nombreux bateaux à moteur norvégiens, surtout en qui concerne le chauffage. Il est d’ailleurs judicieux d’emporter un petit chauffage électrique (par exemple céramique), qui conviendra parfaitement lorsqu’on se trouve en marina. De même, on pourra limiter sa consommation de gaz en ayant des plaques de cuisson électriques que l’on pourra brancher au port. Enfin, contrairement au tarif tout compris que l’on connait le plus souvent chez nous, l’électricité est souvent à payer en plus de la place de port, ce qui laisse le choix de l’utiliser ou non. Certains ports, en revanche, l’incluent d’office dans le tarif. Si l’on pratique beaucoup le mouillage forain, il faut en revanche être parfaitement autonome en électricité, ce qui sera de toute manière pratique pour effectuer les voyages aller et retour vers la Norvège.
Carburants
On trouve du gazole ou de l’essence relativement souvent, et pas seulement dans les ports importants. Cependant, afin d’éviter les déconvenues, surtout si l’on a une consommation importante avec le chauffage, il est préférable de planifier son ravitaillement en se référant aux guides qui indiquent où l’on pourra faire le plein. Il est à noter que certaines pompes ne fonctionnent qu’avec des cartes de crédit norvégiennes, et n’acceptent ni cartes étrangères type Visa ou MasterCard, ni billets. Dans ce cas, l’intervention d’une personne locale peut être précieuse. La plupart du temps, elle accepte de payer la pompe avec sa propre carte contre remboursement en liquide.
Gaz
Nous n’avons pas eu besoin de remplir nos bouteilles, en ayant prévu suffisamment de rechange à l’avance. Cependant, il est à noter que dans le nord on a une consommation plus importante que sous nos latitudes, car on fait plus souvent chauffer de l’eau, ne serait-ce que parce qu’on boit plus volontiers quelque chose de chaud. A noter cependant que les guides indiquent qu’il est impossible de trouver ou de faire remplir d’autres bouteilles que les bouteilles norvégiennes.
Eau & douches
S’il est une denrée facile à trouver, c’est bien l’eau. Des tuyaux se trouvent sur tous les pontons de Norvège, l’approvisionnement étant si facile, du moins sur le continent. Attention cependant, car elle n’est pas toujours très propre, et si l’on compte la boire, il vaut mieux vérifier sa pureté et la goûter auparavant. De plus, vu que l’on navigue le plus souvent de mouillage en mouillage, il vaut toutefois mieux faire le plein quand on en a l’occasion.
La plupart des marinas, même les plus petites, proposent souvent des douches proprettes et bien sympathiques. L’ambiance y est plutôt typique, certaines sentant le poisson tandis que d’autres proposent une atmosphère de sauna nordique. En tous les cas, on n’aura pas de mal à rester propre.
Déchets
Pas de souci particulier pour vider ses poubelles, que l’on pourra le plus souvent laisser dans des containers dans la plupart des ports et marinas. Il est à noter que de nombreuses bouteilles font l’objet d’une consigne. En la rapportant dans un supermarché (souvent dans un automate), on obtient le remboursement de celle-ci.
Avitaillement
Comme pour le reste, il vaut mieux avoir du stock, histoire de pouvoir tenir un moment, parce qu’on ne trouve pas toujours un supermarché partout. Dans la plupart des petites villes, il y a un magasin, souvent unique, mais attention aux horaires parfois restreints. Dans les plus grandes villes, on trouvera plusieurs supermarchés bien approvisionnés, mais ils ne sont pas toujours proches du port. Attention également, certains magasins indiqués dans les guides peuvent ne plus exister. Nous avons notamment déchanté deux fois de suite entre Bergen et Ålesund. Nous avons trouvé que les endroits suivants étaient pratiques pour faire un ravitaillement majeur : Ålesund, Brekstad, Brønnøysund, et Svolvær.
Chantiers & Réparations
Les chantiers navals sont légion en Norvège, mais ils concernent bien plus les navires de pêche ou de l’industrie pétrolière que les voiliers. Il faut également savoir que pendant le mois de juillet, qui est le mois des vacances des Norvégiens, nombre d’entre eux sont soit fermés, soit tournent au ralenti. En nous renseignant pour une petite réparation à effectuer, on nous a proposé entre une semaine et un mois d’attente ! Mieux vaut donc éviter d’avoir besoin de l’intervention d’un chantier. Si besoin, il convient de se renseigner à l’avance sur les possibilités de sortie et de mise à l’eau, et d’envoi de pièces. Il est apparemment relativement facile de trouver une solution pour hiverner votre bateau en Norvège. Cela permet d’éviter l’aller-retour dans l’été, ce qui limite forcément le temps passé sur place et la latitude extrême atteinte, à moins de faire les traversées d’une traite.
Liens
Généralités
- Wikipedia – tout sur la Norvège
- www.flags.net – tous les pavillons de Norvège
Documents nautiques & cartes
- www.sjokart.no – la page cartographie du service hydrographique norvégien
- kart.kystverket.no – la cartographie en ligne de toute la Norvège
- www.redningsselskapet.no – les sauveteurs en mer qui éditent un très bon guide des ports
- www.norwegiancruisingguide.com – un guide nautique en deux volumes, ou en eBook (en anglais)
- www.imray.com – éditeur de cartes et guides pour la plaisance, dont un volume pour la Norvège
- www.rccpf.org.uk – des instructions aidant à la traversée
- msi.nga.mil/NGAPortal/MSI.portal – le portail américain gratuit
Prédictions de marées
- www.kartverket.no/en/at-sea/se-havniva – le calculateur de marée en ligne du service hydrographique norvégien
Prévisions météo
- www.yr.no/hav_og_kyst – la météo marine norvégienne
- www.metoffice.gov.uk/weather/marine – la météo marine britannique
- marine.meteofrance.com – la météo marine française
- www.dwd.de – la météo marine allemande, émettrice des fax météo
- weather.mailasail.com/Franks-Weather/Home – toutes les sources de prévisions météo
3 Replies to “Préparer sa croisière en Norvège”
Merci infiniment pour cette mine d’informations très utiles qui m’épargneront des heures de recherche. Nous partons 2 semaines naviguer(29.6. – 14.7.2012)au départ de Svolvaer dans les îles Lofoten. Nous descendrons jusqu’à Traena pour ensuite remonter. Nous avons loué un Delphia 40.3 auprès de Boreal Yachting qui est un des seuls loueurs que nous ayons trouvé là-haut (ils ont également une base à Tromso). Encore merci.
Plein d’infos intéressantes, surtout quand on projette de partir naviguer en Norvège. Petit complément, qui assure votre bateau ? La plupart des assureurs s’arrêtent à 60°N. Merci
Je poursuivrai ma lecture plus tard mais je projette ce voyage en esptembre prochain et votre site me semble une mine d’infos pratiques. Bien fait, Merci